Mediapart ciblé par une série de plaintes qui menacent sa liberté d’informer

Alors que les journalistes du site d’information en ligne Mediapart font l’objet de plaintes de plus en plus fréquentes, Reporters sans frontières dénonce des recours abusifs à la justice qui menacent le secret des sources et qui ont pour but de bâillonner une rédaction connue pour son travail d’investigation.

La rédaction de Médiapart est victime d’une accumulation de plaintes qui portent préjudice à sa liberté d’informer. La dernière en date émane de la présidente du Front National, Marine Le Pen, après la publication par Mediapart de sept enquêtes sur le financement de son parti. Ce travail d’investigation qui a pourtant contribué à l’ouverture de plusieurs instructions judiciaires, a valu aux journalistes Marine Turchi et Fabrice Arfi d’être convoqués mardi 23 mai 2017 dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) à Paris. Suspectés “de violation du secret de l’instruction, violation du secret de l'enquête et publication d’acte de procédure judiciaire”, les deux journalistes risquent une peine d’emprisonnement, comme il était précisé sur leur convocation.


Au cours de l’audition, Fabrice Arfi et Marine Turchi, auxquels il a été demandé de divulguer leurs sources, ont choisi de ne pas répondre aux questions des enquêteurs. Ils ont en revanche tenu à faire une déclaration de principe, qui a été consignée dans le procès-verbal, dans laquelle ils dénoncent un détournement du droit de la presse et une nouvelle manoeuvre dans le but d’obtenir l’identité de leurs sources.


“Il est inacceptable que des journalistes soient poursuivis pour des infractions passibles de peines d’emprisonnement, alors qu’ils ont simplement divulgué des informations d’intérêt public, plaide le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Dans quel pays vit-on si la révélation d’informations sur le financement du Front national fait peser sur les journalistes la menace institutionnelle d’un emprisonnement ?”


RSF milite par ailleurs depuis longtemps pour l'abrogation des délits de recel du secret professionnel et du secret de l’enquête ou de l’instruction.


En France, de nombreuses plaintes de la classe politique à l’encontre des journalistes reposent sur des fondements inappropriés. Le pays est situé à la 39ème place du Classement mondial de la liberté de la presse publié en 2017 par RSF.

Publié le
Updated on 01.06.2017