Mazen Darwich, l’amnistie tardive d’un héros de l’information syrien

RSF se félicite du verdict dans le procès de Mazen Darwish et de ses collègues, le 31 août 2015. Le tribunal anti-terroriste syrien a jugé que les cinq journalistes et activistes du Centre Syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM) bénéficieraient de l’amnistie politique de juin 2014.

RSF est soulagée d’apprendre que le procès de Mazen Darwish et de ses collègues s’est soldé par une libération inconditionnelle au motif de l’amnistie, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Ces journalistes et défenseurs des droits de l’Homme, qui ne sont coupables d’aucun crime, ont payé un lourd tribut en passant plus de trois ans en prison pour des activités légitimes. L’application de l’amnistie de 2014 à leur cas est une bonne nouvelle, bien que trop tardive. RSF demande que les autorités syriennes libèrent tous les journalistes injustement détenus en Syrie”. Poursuivis pour terrorisme, Mazen Darwish, lauréat du prix RSF en 2013, et ses collègues encouraient jusqu’à 15 ans de prison. Ils étaient accusés de “publication d’informations sur des actes terroristes”, conformément à l’article 8 de la loi anti-terrorisme adoptée en 2012. Mazen Darwish, Hussein Ghreer et Hani Al-Zitani ont été mis en liberté provisoire cet été. Détenu par un autre département sécuritaire, Mazen Darwish l’a été quelques semaines après ses collègues, le 10 août. Tous trois étaient censés être inclus dans l’amnistie générale politique de juin 2014, puisqu’elle autorisait la libération de tous les militants détenus arbitrairement pour avoir exercé des activités pourtant légitimes. En effet, l’accusation contre les membres du SCM est couverte par décret législatif numéro 22 adopté le 9 juin 2014. Selon nos sources, la décision prendra officiellement effet le 16 septembre, une fois que le texte final sera rédigé : il doit prendre en compte le fait que Hani Al-Zitani et Hussein Ghreer étaient absents à leur procès. Selon les chiffres établis par Reporters sans frontières, au moins 30 journalistes et net-citoyens restent actuellement détenus par le régime syrien. Plus de 29 autres reporters, dont neuf étrangers, sont toujours portés disparus ou sont otages, aux mains de l’Etat islamique ou d’autres groupes extrémistes armés. La Syrie est le pays le plus dangereux au monde pour les journalistes et figure à la 177e place (sur 180) du Classement 2015 établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016