L’Iran, plus grande prison du monde

Reporters sans frontières condamne la nouvelle vague de répression contre les journalistes et les intellectuels en Iran. Depuis le 5 décembre 2010, huit professionnels des médias ont été arrêtés, ce qui établit à 37 le nombre de journalistes actuellement emprisonnés. La République islamique d’Iran occupe désormais le rang de première prison du monde pour les professionnels de l’information. Le 19 décembre 2010, Fariborz Rais Dana, écrivain et membre de l’Association des écrivains iraniens, a été arrêté à son domicile lors d’une perquisition d’agents en civil du ministère des Renseignements. On ignore toujours les motifs de son arrestation et le lieu de sa détention. Quelques heures avant son arrestation, cet éminent économiste avait critiqué sévèrement le gouvernement pour sa politique de libéralisation des prix, rentrée en vigueur le jour même, lors d’une interview sur la chaîne de télévision BBC en farsi : « C’est une politique qui n’améliorera pas le niveau de vie de la population. De plus, la décision d’octroyer des « aides économiques » aux familles pauvres est le moyen pour le gouvernement de dire lors des élections : ‘maintenant, si vous ne votez pas pour nous, on ne paie pas’ ». L’Association des écrivains iraniens est la plus ancienne organisation de la société civile du pays. Sous les deux régimes du Shah et de la Révolution islamique, ses activités ont toujours été interdites. Deux de ses responsables, les écrivains et journalistes Mohamad Makhtari et Mohamad Jafar Pouyandeh, ont été assassinés en 1998. Le 18 décembre 2010, Hadi Heidari, célèbre caricaturiste et directeur du site Persian cartoon (http://www.haditoons.com), a été arrêté à l’issue de sa convocation au parquet de la prison d’Evin. Ce journaliste avait déjà été arrêté une première fois le 22 octobre 2009 à Téhéran, avant d’être libéré après le versement d’une caution, le 8 novembre 2009. Il a été interpellé avec trois autres proches du parti réformateur, Participation. Nazanin Khosravani, collaboratrice de plusieurs journaux réformateurs, a été arrêtée, le 2 novembre 2010, à son domicile par des agents du ministère des Renseignements. Sa famille est, depuis, sans nouvelles d’elle et n’a pas été informée du lieu et du motif de son arrestation. Par ailleurs, Reporters sans frontières a également appris la libération, le 15 décembre 2010, d’Amir Hadi Anvari, journaliste économique du quotidien suspendu Etemad, après six jours d’interrogatoires.
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Updated on 20.01.2016