Liberté provisoire pour Bob Rugurika

Le directeur de la populaire Radio Publique Africaine (RPA), Bob Rugurika, a été libéré ce 19 février 2015 et a regagné la capitale burundaise acclamé par une immense foule descendue dans les rues pour l’accueillir. La Cour d’appel de Bujumbura avait ordonné mercredi 18 février sa mise en liberté provisoire, à l’issue de près d’un mois de détention à la prison de Muramvya. “Reporters sans frontières se réjouit que Bob Rugurika ait pu retrouver les siens, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Nous demandons toujours que les charges absurdes retenues contre ce journaliste soient abandonnées et que le gouvernement burundais cesse de baîlloner les médias.” Bob Rugurika a finalement été libéré après paiement d’une caution de quinze millions de francs burundais (8 400 euros). Il devra se présenter chaque premier lundi du mois au magistrat instructeur et ne pas quitter le territoire burundais sans autorisation. Les quatre charges retenues contre lui sont toujours maintenues. Selon son avocat, le journaliste peut reprendre ses activité professionnelles. *************************************************************************** La justice burundaise a confirmé mercredi 4 février 2015 les charges retenues contre le directeur de la Radio publique africaine (RPA), Bob Rugurika et le maintien en détention du journaliste, emprisonné depuis le 22 janvier. Il sera donc jugé pour “complicité d’assassinat”, “manquement à la solidarité publique”, “violation du secret d’instruction” et “recel de malfaiteurs”. S’il est reconnu coupable, il risque jusqu’à 20 ans de prison. “Le maintien de ces charges disproportionnées vise à museler le média le plus populaire du Burundi, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Cette décision envoie un message de menace à destination des autres journalistes du pays et porte une atteinte grave à la liberté de l’information. Nous demandons que Bob Rugurika soit immédiatement libéré.” La décision a été prise au lendemain d’une manifestation à Bujumbura regroupant pour la seconde fois, des professionnels des médias et organisations de la société civile, afin de manifester leur soutien à leur confrère et demander sa remise en liberté. La requête de mise en liberté en provisoire rédigée par les avocats du journaliste n’a pas été entendue. Le substitut du procureur a plaidé pour le maintien en détention de Bob Rugurika au motif qu’il risquerait de prendre contact avec des personnes liées à l’affaire de l’assassinat des trois religieuses italiennes. *************************************************************************** Reporters sans frontières (RSF) condamne la détention arbitraire du directeur de la Radio publique africaine (RPA), Bob Rugurika, depuis le 20 janvier, et les charges de complicité d’assassinat qui pèsent contre lui. Après avoir été convoqué le 20 janvier au tribunal de grande instance, initialement pour «éclaircissements», Bob Rugurika, le directeur de la Radio publique africaine (RPA) - radio privée la plus écoutée au Burundi, connue pour ses reportages d’investigation - a été arrêté le même jour sur mandat du procureur et emprisonné à Mpimba, la prison centrale de Bujumbura. Le journaliste est accusé de «complicité d'assassinat », « manque de solidarité » et « violation du secret de l'instruction ». On lui reproche les reportages de sa radio sur l’assassinat de trois religieuses italiennes en septembre dernier, qui mettaient en cause des agents de renseignement burundais, et la confession d'un des présumés assaillants, toujours en liberté. Des aveux qui mettent la police en délicatesse, cette dernière ayant affirmé avoir arrêté les responsables du triple meurtre. “Reporters sans frontières condamne avec force cette incarcération illégitime qui n'a pour but que de faire pression sur le journaliste afin de lui faire révéler l'identité de ses contacts, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique. Ces manœuvres montrent bien le peu d'indépendance de la justice burundaise vis-à-vis du pouvoir exécutif. Au lieu de poursuivre activement les responsables de ce triple assassinat, elle préfère s’en prendre à un journaliste, qui n’a fait que son métier. Ce type de procédé est inquiétant pour la liberté d’expression et d’information au Burundi. D’autant plus que la situation risque d’empirer pendant la période électorale. Nous demandons aux autorités judiciaires la libération immédiate de Bob Rugurika”. Le journaliste a été transféré à la prison de Muramvya le 22 janvier, à 30 kilomètres de la capitale. Gardé une journée à l'isolement, il peut depuis recevoir la visite de ses avocats et de ses proches. Interviewé par RSF, son avocat, Jean Bosco Ngendakuvwayo exprime son incompréhension: « S'il a été convoqué en tant que journaliste, parce qu'il avait donné des informations, il devrait être poursuivi en tant que journaliste et donc en vertu de la loi sur la presse et non du code pénal comme c'est le cas aujourd'hui ». Il demande donc « la remise en liberté immédiate et sans condition de son client, emprisonné de façon arbitraire.» Selon la loi burundaise, Bob Rugurika devrait être présenté à un juge, au plus tard le 4 février, pour se voir confirmer ou non sa mise en détention. Il risque jusqu'à 20 ans de prison s'il est reconnu coupable des charges qui pèsent contre lui. En 2013, le Burundi avait adopté une loi sur les médias, fortement décriée par l’organisation, qui criminalisait certains sujets de reportages, dont ceux liés à la sécurité nationale, et pouvait forcer les journalistes à révéler leurs sources. Le Burundi occupe la 142e place sur 180 pays dans le Classement mondial 2014 de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016