Levée de boucliers des journalistes pakistanais contre les nouvelles lois sur la presse

Reporters sans frontières s'associe à la condamnation unanime des journalistes pakistanais qui voient dans les nouvelles ordonnances sur la presse un instrument supplémentaire de censure des médias.

Les autorités pakistanaises ont adopté, le 31 août, trois nouvelles ordonnances sur la presse : la première renforce les sanctions contre la diffamation, la deuxième impose un système d'autorisation préalable aux médias et la troisième crée un conseil de la presse sous la coupe du gouvernement. La loi sur la liberté d'information, qui devait faire partie de la nouvelle législation, n'a, en revanche, pas été votée. "Le gouvernement pakistanais n'est décidément pas à une contradiction près. Toujours prompt aux déclarations de principe en faveur de la liberté de la presse, il en est une nouvelle fois le premier fossoyeur. Nous soutenons pleinement la mobilisation des journalistes pakistanais contre ces nouvelles lois et nous appelons le gouvernement à les réviser en concertation avec les organismes de presse du pays", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une lettre adressée au ministre de l'Information, Aziz Memon. L'organisation a également demandé que les journalistes aient librement accès aux documents officiels. Ceux-ci font l'objet de classifications très restrictives qui les rendent inaccessibles et minent tout journalisme d'investigation. Le gouvernement a voté les ordonnances sur la diffamation, le conseil de la presse et l'enregistrement préalable des journaux et agences de presse le 31 août. L'annonce de ce vote et les extraits des ordonnances dévoilés par le ministère de l'Information, qui a jusqu'à présent refusé de fournir le texte entier de la loi, ont déclenché une condamnation unanime des principales organisations de presse pakistanaises. La Société des journaux pakistanais (APNS, All-Pakistan Newspaper Society), l'Union fédérale des journalistes du Pakistan (PFUJ, Pakistan Federal Union of Journalists) et le Conseil des directeurs de journaux du Pakistan (CPNE, Council of Pakistan Newspaper Editors) se sont élevés contre ce qu'ils considèrent comme une violation de leurs accords avec le gouvernement. Le 23 juillet, celui-ci s'était engagé auprès de l'APNS et du CPNE à apporter des amendements aux ordonnances : aucun des membres du conseil de la presse ne devait être nommé par les autorités et les amendes pour diffamation ne devaient pas excéder 800 dollars. Selon les textes votés, plusieurs membres du conseil de la presse, dont son président, sont nommés par le gouvernement et la diffamation est punie d'amendes d'un minimum de 800 dollars et peut donner lieu à des peines de prison. Les sujets susceptibles de tomber sous le coup de la loi sur la diffamation sont, quant à eux, empruntés à un ancien code de la presse qui interdit les atteintes contre les "pays amis" et la "décence", termes des plus vagues qui laissent à l'arbitraire des autorités toute latitude pour s'exercer.
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Updated on 20.01.2016