Les trois journalistes de Notre Voie déclarés non coupables

Le 6 décembre 2011, après treize jours d'incarcération, César Etou, directeur de publication du quotidien Notre Voie, Didier Dépry, secrétaire général de la rédaction, et Boga Sivori, chef du service politique, ont été déclarés non coupables du délit "d'incitation au vol, aux pillages et à la destruction de biens d'autrui" retenu contre eux par le parquet. Les faits ont été requalifiés par le ministère public en "délit de presse". Or, conformément à la loi sur la presse de 2004, ces délits sont dépénalisés en Côte d'Ivoire. Le juge Philippe Kouamé Yao, qui présidait l'audience en flagrant délit, a déclaré un non-lieu. "Nous sommes satisfaits de cette issue logique et en appelons aux autorités pour que toutes les affaires de presse soient traitées conformément à la loi de 2004. A cet égard, Hermann Aboa, journaliste de la RTI incarcéré depuis plus de quatre mois, devrait également être libéré", a déclaré Reporters sans frontières. ------------------------------------------------------------------------------- 30.11.2011 - Trois journalistes de Notre Voie inculpés et envoyés à la Maca Le 29 novembre 2011, trois journalistes du quotidien Notre VoieCésar Etou, directeur de publication, Didier Dépry, secrétaire général de la rédaction, et Boga Sivori, chef du service politique – ont été inculpés pour "incitation au vol, aux pillages et à la destruction de biens d'autrui par voie de presse". "Un journaliste incarcéré depuis plus de quatre mois, trois autres désormais inculpés et envoyés à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) : les nouvelles autorités, fidèles à Alassane Ouattara, cherchent-elles à s'assurer de faire pire que les précédentes?", s'est interrogée Reporters sans frontières. "Ecrire sur le parc automobile du gouvernement est-il vraiment une 'incitation au pillage'? Comment se fait-il que, de l'autre côté, les écarts de la presse fidèle au pouvoir ne suscitent jamais de rappels à l'ordre? L'empressement à sanctionner la presse d'opposition révèle au mieux une volonté de la faire taire, au pire un véritable souci de règlements de compte", a déclaré l'organisation. Lire aussi l'article paru sur JeuneAfrique.com. ------- 25.11.2011 - Trois journalistes de Notre Voie placés en garde à vue Reporters sans frontières apprend avec consternation le placement en garde à vue pour "offense au chef de l'Etat" et "atteinte à l'économie nationale", le 24 novembre 2011, de trois journalistes de Notre Voie, quotidien proche de l'ancien président Laurent Gbagbo. L'organisation dénonce cette nouvelle atteinte à la liberté de la presse et demande la libération immédiate des reporters conformément à la loi ivoirienne. César Etou, directeur de publication, et Boga Sivori, chef du service politique, avaient été convoqués, le 24 novembre, afin d'être entendus au sujet d'un article paru trois jours plus tôt, concernant les quarante nouveaux véhicules de fonction de marque Mercedes mis à la disposition des membres du gouvernement. Didier Dépry, secrétaire général de la rédaction, a, quant à lui, été placé en garde à vue pour un article paru en Une du quotidien le 24 novembre et traitant de la dévaluation imminente du franc CFA. -------- 23.11.2011 - Hermann Aboa maintenu en détention, d'autres journalistes convoqués ou menacés Sept mois après l'accession au pouvoir d'Alassane Ouattara, la situation de la liberté de la presse demeure très préoccupante en Côte d'Ivoire. "Depuis le mois d'avril et l'accession au pouvoir d'Alassane Ouattara, les autorités ivoiriennes n'ont pas démontré leur respect de la liberté de la presse. Quelques projets vont dans le bon sens, comme la libéralisation de l'audiovisuel, mais de sérieuses violations demeurent. Hermann Aboa est en prison depuis plus de quatre mois alors même que la loi sur la presse protège les journalistes contre l'incarcération. D'autres professionnels des médias sont menacés, parfois directement par des membres du gouvernement. La presse d'opposition, en général, est dans le collimateur du pouvoir", a déclaré Reporters sans frontières. Le 21 novembre 2011, à la suite d’une demande de liberté provisoire introduite par l'avocat de Hermann Aboa, le 14 novembre, le juge d’instruction du troisième cabinet du tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, Kouakou N’Goran, a pris deux ordonnances pour maintenir le journaliste en prison pour la suite de l’information judiciaire. L'avocat de Hermann Aboa a immédiatement saisi le procureur de la République et a introduit une nouvelle demande de liberté provisoire. Journaliste de RTI 1, première chaîne de la télévision nationale ivoirienne, Hermann Aboa reste ainsi en détention préventive à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Cela fait plus de quatre mois que le journaliste est privé de sa liberté, depuis son arrestation le 21 juillet dernier. Six chefs d'accusation sont retenus contre lui, pour lesquels il encourt la prison à vie. Plus d'informations. Le 14 novembre, Achille Kpan, correspondant du quotidien L’Inter, a reçu des menaces verbales, par téléphone, de la part du ministre de l’Artisanat, Konaté Sidiki, qui l’a accusé d’avoir retranscrit certains de ses propos haineux lors d’une réunion de pré-campagne pour les élections législatives, à Man (Ouest). Peu après ces menaces, des éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), à bord d'un véhicule militaire et dirigés par Mara Lanciné, président de la jeunesse communale et responsable de la communication de l’ex-chef de guerre Losseni Fofana, se sont présentés à la salle de presse de Man, à la recherche du journaliste. Ce dernier a dû se refugier dans un lieu sûr. Le ministre Konaté Sidiki a par ailleurs invité le rédacteur en chef de L’Inter, Félix Bony, à se rendre à ses bureaux pour une "mise au point". Le 24 novembre, le directeur de publication de Notre Voie, César Etou, et l'un des journalistes du quotidien, Boga Sivori, sont convoqués par la police criminelle pour s'expliquer sur un article concernant les nouveaux véhicules de fonction de marque Mercedes que possèdent les membres du gouvernement. Photo : Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) - Sia Kambou/AFP
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Updated on 20.01.2016