Les médias ougandais interdits de couvrir les manifestations de l'opposition
Reporters sans frontières (RSF) est très préoccupée par l'interdiction faite aux médias ougandais de couvrir les manifestations de l'opposition. L'organisation demande aux autorités de lever immédiatement cette mesure.
Le 5 mai 2016, Jim Muhezi, ancien militaire et actuel ministre de l'Information ougandais, a officiellement interdit aux médias de couvrir en direct les manifestations de l'opposition, qui avait lancé une "campagne de défiance" contre le président Yoweri Museweni.
Cette interdiction fait suite à un jugement rendu par le procureur adjoint de la République, rendant illégale toute manifestation de l'opposition. Dans son communiqué, le ministre de l'Information a déclaré que "tout média qui continuerait à couvrir en direct la campagne de défiance se verra retirer son autorisation de diffusion". Il a ajouté que cette interdiction pourra être étendue aux médias sociaux s'ils sont utilisés comme une alternative afin de propager la campagne de l'opposition.
"Cette mesure est un bâillonnement intolérable des médias ougandais, qui ne fait qu'ajouter aux pressions qu'encourent les journalistes depuis le début du processus électoral, déclare Reporters sans frontières. Nous demandons que cette mesure soit levée immédiatement."
Cette interdiction intervient à quelques jours de la cérémonie de prise de fonctions du président Yoweri Museweni, qui amorcera sa trentième année au pouvoir, à l'issue d'un scrutin dont l'Union européenne a déploré le manque de transparence.
L'opposant principal au Président, Kizza Besygie, a été placé en résidence surveillée après avoir rejeté les résultats de l'élection. Les journalistes qui ont tenté de couvrir sa détention ont fait l'objet de mauvais traitements systématiques de la part de la police ougandaise.
L'Ouganda occupe la 102ème place au Classement mondial pour la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2016.