Les journalistes turcs visés par une nouvelle vague d’arrestation

Après l’émission de 35 nouveaux mandats d’arrêts contre des journalistes et collaborateurs de médias soupçonnés de lien avec la confrérie Gülen, la police turque a lancé ce matin une nouvelle série d’interpellations.

Un total de 35 collaborateurs des médias sont visés par un nouveau mandat d’arrêt émis ce 10 août 2017 en Turquie. Ils sont soupçonnés d’avoir installé l’application de messagerie cryptée ByLock sur leurs téléphones. Les autorités turques considèrent la possession de ce programme comme un signe d’appartenance à la confrérie Gülen, accusée d’être derrière la tentative de putsch de juillet 2016.


La Cour de cassation turque a pourtant elle-même établi le 16 juin dernier que “l’usage de [ByLock] constituerait une pièce à conviction incontestable dans le cas où il serait établi techniquement et de manière incontestable que la communication a eu lieu sur instruction de l’organisation [Gülen] et dans le but d’assurer des échanges secrets”.


Dans la pratique, la justice tend même à criminaliser toute communication avec des utilisateurs de ByLock, comme dans le cas du chroniqueur de Cumhuriyet Kadri Gürsel.


“Une approche systématique à l’égard des utilisateurs de ByLock est tout simplement illégale, souligne Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est et Asie centrale de RSF. La justice ne peut accuser des journalistes sur la seule base de cette application, sans établir un lien concret et individuel avec des activités criminelles.”


Neuf journalistes et collaborateurs des médias ont pour l’heure été arrêtés dans ce nouveau coup de filet. Parmi eux figure le rédacteur de l’édition web du journal de gauche BirGün, Burak Ekici ainsi que Muhsin Pilgir (ex-Zaman, Cihan), Ömer Faruk Aydemir (IHA), Sait Gürkan Tuzlu, Cüneyt Seza Özkan (ex-Samanyolu), Yusuf Duran, Ahmet Feyzullah Özyurt, Ahmet Sağırlı (licencié la semaine dernière de l’hebdomadaire Türkiye) et Mutlu Özay.


Avec plus de 100 journalistes derrière les barreaux, la Turquie est la plus grande prison du monde pour les professionnels des médias. Le pays occupe la 155e place sur 180 au Classement mondial 2017 de la liberté de la presse, établi par RSF.

Publié le
Updated on 10.08.2017