Les journalistes palestiniens dans la tourmente des rivalités politiques internes

Depuis fin 2018, les journalistes palestiniens sont la cible d’une nouvelle vague d'arrestations ou d’intimidations dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Reporters sans frontières (RSF) appelle le Hamas et l’Autorité palestinienne à ne pas faire des journalistes des victimes collatérales de leurs dissensions.

En Cisjordanie, dirigée par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, au moins six journalistes ont été arrêtés depuis la fin de l’année dernière. L’un d’entre eux, arrêté le 16 janvier dernier,  est toujours détenu : Youssef Fiqqi, qui travaille pour l’agence de presse Quds Press. Son collègue, Zaid Abu Ara, a pour sa part été détenu du 31 décembre 2018 au 17 janvier, tandis que le correspondant du réseau Quds al Akhbariya (QudsN), Moatasem Saqf al Hit,  a été détenu du 30 décembre au 6 janvier, celui de la chaîne Najah TV, Hazem Nassar, du 12 au 14 janvier, le photographe freelance Mahmoud Harish, du 7 au 28 janvier, et Omari Istita, qui travaille également pour la chaîne Najah TV, a été interpellé et relâché le 22 janvier.

 

Parallèlement, dans la bande de Gaza, sous contrôle du Hamas, des journalistes font l’objet  de fortes pressions destinées à les faire taire. Ainsi la correspondante du journal électronique Hadaf, Hoda Baroud, a été convoquée par la sécurité le 5 janvier après la publication d’une enquête sur l’inceste. L’éditorialiste Maysoon Kohli, qui écrit pour le journal électronique Donia al Watan sur la mauvaise gouvernance, dénonce le fait que son frère ait été convoqué dans le but de l’intimider. La reporter d’images Hajar Harb fait également l’objet de pressions indirectes pour la pousser à mettre un terme à plus de sept mois d’enquête sur des faits de corruption dans le processus d’allocation de fonds pour la reconstruction des maisons détruites à Gaza. Elle était déjà poursuivie pour un reportage plus ancien sur la corruption dans le système de santé.

 

Les hostilités ont repris de plus belle récemment entre le Hamas et l’Autorité palestinienne, qui se sentent fragilisés. Parce qu’ils mettent en lumière les lacunes des pouvoirs en place, ou en raison de l’affiliation supposée ou réelle de leur média au parti adverse, les journalistes qui font l’objet de poursuites ou de menaces sont soupçonnés de chercher à mettre en défaut le parti qui contrôle la zone où ils travaillent.

 

“La vocation d’un journaliste n’est pas de servir d’outil de propagande à tel ou tel parti et ils ne doivent pas non plus être les victimes collatérales des dissensions politiques des dirigeants palestiniens, déclare Sophie Anmuth, responsable du bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières.  Les journalistes doivent être libres d’enquêter ou de couvrir tous les sujets avec l’angle qui leur convient. RSF demande la libération immédiate du journaliste toujours détenu et l’abandon des pressions.”

 

En plus d’être régulièrement victimes des dissensions entre dirigeants palestiniens, les journalistes palestiniens sont aussi confrontés aux exactions de l’armée israélienne aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie. Les territoires palestiniens occupent la 135e place au Classement RSF de la liberté de la presse.

Publié le
Mise à jour le 28.01.2019