Les autorités iraniennes poursuivent leur répression implacable contre les journalistes et journalistes-citoyens

Reporters sans frontières (RSF) condamne la brutalité policière et les arrestations arbitraires de journalistes-citoyens durant les manifestations à Téhéran. L’organisation dénonce également la nouvelle arrestation de la journaliste Hengameh Shahidi et la détention illégale depuis deux mois de Mohammad Hossien Hidari.

Le 25 juin 2018, alors que Téhéran a été la scène d’une manifestation contre la vie chère et la dévaluation de la monnaie nationale, plusieurs journalistes-citoyens ont été violemment matraqués par les forces de l’ordre et certains d’entre eux arrêtés. Les 25 et 26 juin 2018, plusieurs journalistes-citoyens ont été brutalisés, voire pour certains, arrêtés alors qu’ils essayaient de filmer la manifestation et les violences policières. L’une d’entre eux a témoigné sur BBC farsi. « Avec ma sœur, j’étais en train de filmer la manifestation quand les policiers anti-émeutes sont venus vers moi. Ils voulaient confisquer mon téléphone mais j’ai résisté. L’un d’entre eux m’a donné un coup de bâton et je suis tombée. Les gens ont commencé à affluer vers nous et les policiers sont partis ».

Alors que la couverture des manifestations est interdite par les médias nationaux et internationaux, la majorité des informations (vidéos et photos) sont réalisées et publiées sur les réseaux sociaux par les journalistes-citoyens. Ces derniers sont une cible privilégiée des policiers qui les visent sciemment. Comme pour toutes les protestations populaires, l’accès à internet est également très perturbé en Iran, afin de réduire la vitesse et les bandes-passantes pour empêcher les téléchargement de vidéos et la circulation des informations.

 

L’arrestation de Hengameh Shahidi confirmée

Le procureur de Téhéran a confirmé l’interpellation de la journaliste Hengameh Shahidi, l’accusant d’avoir pris la fuite sur l'île de Kish (sud du pays.) Une information démentie par sa famille qui a déclaré que la journaliste avait été hospitalisée à la suite d’un malaise cardiaque, et avait été arrêtée en sortant de l’hôpital.

Le 15 mai 2018, la journaliste avait annoncé sur son compte Twitter qu’elle avait été convoquée par la 2e chambre du parquet pour la culture et les médias de Téhéran pour « insulte envers le chef du système judiciaire». Quelques jours auparavant, elle avait publié plusieurs tweets sur sa situation en détention pendant sa première arrestation. Hengameh Shahidi, directrice du blog Paineveste, avait déjà été interpellée, le 9 mars 2017. Gravement malade, la journaliste avait entamé plusieurs grèves de la faim afin de protester contre son arrestation et ses conditions de détention. Elle avait été libérée le 29 août 2017.

Depuis le 22 mai 2018, Mohammad Hossien Hidari, directeur du site d’information Dolat e Bahar, média proche du courant politique de l'ancien président controversé Mahmoud Ahmadinejad, a été emprisonné. Sa famille et son avocat ignorent toujours les charges qui pèsent contre lui. Son site est inaccessible depuis. Le journaliste a déjà été  arrêté, le 21 novembre 2017, à la suite d’une convocation par la chambre du parquet culture et médias de Téhéran avant d’être libéré après avoir versé une caution de 100 millions de tomans (environ 90.000 euros), en attendant son jugement.


L’Iran est 164e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établis par  Reporters sans frontières.

Publié le
Mise à jour le 29.06.2018