Les attaques les plus meurtrières contre les médias ces 10 dernières années (RSF)

Le double attentat-suicide perpétré, lundi 30 avril, à Kaboul vient s’ajouter à une liste déjà bien longue d’attaques sanglantes contre des médias et des journalistes. Dans de nombreux pays, ces derniers sont sciemment visés et froidement assassinés, au motif que leur travail d’information dérange. Reporters sans frontières (RSF) dresse la liste des attaques les plus meurtrières contre les médias ces 10 dernières années.

AFGHANISTAN : un double attentat-suicide à Kaboul tue 9 journalistes

30 avril 2018

Au moins 9 journalistes sont tués et 6 autres gravement blessés lors d’un double attentat à Kaboul, le 30 avril. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière depuis la chute des Taliban en décembre 2001. L’attaque revendiquée par l’Etat islamique présente un modus operandi récurrent : une première explosion survient près du siège des services de renseignement afghans. Trente minutes plus tard, un autre kamikaze se fait exploser parmi les journalistes qui présents sur les lieux pour couvrir l’attentat. Ce 2e attentat vise sciemment la presse. La plupart de ces journalistes, qui travaillaient pour l’AFP, Tolo News, TV1, Mashal et Radio Azadi, avaient moins de 30 ans.

EQUATEUR : des journalistes équatoriens enlevés et assassinés par un groupe dissident des FARC

12 avril 2018

Le 26 mars 2018, une équipe du journal équatorien El Comercio est enlevée par un groupe dissident des FARC, à la frontière entre l’Equateur et la Colombie. Ils se rendaient dans la province d’Esmeraldas afin de couvrir les affrontements entre les autorités et des groupes armés, devenus récurrents depuis janvier 2018. Quelques jours plus tard, le 12 avril, des photos des corps sans vie des journalistes circulent sur le web. Le président équatorien Lenin Moreno confirme l’authentification de la vidéo et l’assassinat des deux journalistes Javier Ortega et Paul Rivas et de leur chauffeur Efrain Segarra.

AFGHANISTAN : un kamikaze fait 7 victimes parmi les collaborateurs de la télévision afghane Tolo News

20 janvier 2016

Le 20 janvier 2016, un kamikaze fonce sur un minivan qui raccompagne chez eux des techniciens du groupe Moby Group, qui regroupe les télévisions Tolo TV et Tolo News. Bilan de l’attentat : 7 collaborateurs tués parmi lesquels 3 femmes. L'attentat, qui s'est produit dans le centre de Kaboul, est revendiqué par les Taliban. Ces derniers avaient annoncé, quelques mois plus tôt, que les chaînes afghanes Tolo et TV1, étaient considérées comme des “cibles militaires” susceptibles d’être attaquées.

FRANCE : 8 journalistes de Charlie Hebdo froidement abattus

7 janvier 2015

Le 7 janvier 2015, deux hommes armés de Kalachnikov font irruption dans les locaux de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris. Ils abattent froidement huit journalistes de la rédaction avant de se lancer dans une course poursuite meurtrière qui coûtera la vie à quatre autres personnes, dont des fonctionnaires de police. Depuis 2006 et la publication de caricatures du prophète Mahomet, les journalistes de Charlie Hebdo étaient régulièrement menacés et bénéficiaient pour certains d’une protection policière. En 2011, un incendie criminel avait visé leur locaux.

PAKISTAN : trois journalistes tués et trois autres blessés dans un double attentat à Quetta

10 janvier 2013

Dans la nuit du 10 janvier, environ 80 personnes sont tuées dans un double attentat survenu à Quetta, dans la province du Baloutchistan (Ouest). En plus des pertes humaines et des dommages qu'elle occasionne, une première bombe sert d'appât pour attirer sur place journalistes et forces de sécurité, directement visés par un second engin explosif. Trois reporters sont tués et trois autres blessés dans cette seconde déflagration. Selon les équipes de désamorçage de bombes, environ 100 kilogrammes d'explosifs ont été utilisés dans l'attaque.

NIGERIA : Double-attentat meurtrier de Boko Haram contre le quotidien ThisDay pour envoyer un “message fort”

26 avril 2012

Le 26 avril, à Abuja, un kamikaze à bord d'une jeep se fait exploser contre le bâtiment abritant l'imprimerie du quotidien ThisDay, l'un des journaux privés les plus influents du pays. Cinq personnes, dont l'auteur de l'attentat, sont tuées, et une dizaine d'autres blessées. La direction de ThisDay avait pourtant annoncé avoir renforcé la sécurité aux abords de ses locaux face à la montée des violences qui avaient déjà causé la mort d'au moins 400 personnes depuis le début de l'année.

Au même moment, une déflagration provoquée par une voiture chargée d'explosifs se produit à Kaduna, dans la rue longeant les bureaux régionaux des journaux ThisDay, The Moment, et The Daily Sun. Au moins quatre personnes périssent dans cette explosion qui fait également près d'une vingtaine de blessés. Boko Haram revendique les deux attaques, expliquant vouloir envoyer un “message fort” aux autres médias qui ne “sont pas objectifs et justes, qui ont choisi le camp du gouvernement nigérian contre le nôtre”.

IRAK : Attentat meurtrier contre les locaux de la chaîne Al-Arabiya

26 juillet 2010

Le 26 juillet 2010, un attentat à la voiture piégée ravage les locaux de la chaîne satellitaire d’informations en continu Al-Arabiya à Harithya, dans le centre de Bagdad. L’attentat tue quatres employés de la chaîne. Ouverte à Bagdad en 2003, la chaîne avait déjà fait l’objet de plusieurs attaques. En septembre 2008, son directeur Jawad Hattab avait échappé de peu à l’explosion d’une bombe placée sous sa voiture. En octobre 2006, un attentat à la voiture piégée visant la chaîne avait déjà tué 7 personnes et blessé 20 autres.

PHILIPPINES : Massacre de Maguindanao, la plus grande tuerie de journalistes

23 novembre 2009

C’est le plus grand massacre de l’histoire de la presse. Le 23 novembre 2009, aux Philippines, une milice privée tenue par un gouverneur de la province de l’île de Mindanao assassine froidement 57 personnes, dont 32 journalistes. Ces derniers couvraient la campagne d’un candidat au poste de gouverneur, qui avait eu le malheur de défier le fils du gouverneur en place. La présence des journalistes était censée protéger le convoi du candidat, en route pour enregistrer officiellement sa candidature. Près de 10 ans plus tard, aucun jugement n’a été rendu, et au moins cinq témoins ont été assassinés ; l’une des victime a été tuée en novembre 2014 alors qu’elle se rendait chez le procureur pour témoigner.

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Mise à jour le 01.05.2018