Législatives au Venezuela : les correspondants étrangers contraints de signer une “charte de bonne conduite”

Pour être autorisés à couvrir les législatives du 6 décembre, les correspondants étrangers présents au Venezuela ont dû signer un document émanant du ministère de la Communication, dans lequel ils s’engagent à respecter un certain nombre de consignes, faute de quoi ils se verront retirer leur accréditation.


Le 30 novembre 2015, les journalistes de la presse internationale en charge de la couverture des élections législatives du 6 décembre ont été contraints de signer une lettre pour le moins étrange, rédigée par le ministère de la Communication et de l’Information (Minci). Cette lettre invite les correspondants à “ne pas manipuler les images, audios, textes, pour en changer le sens, l’origine ou le concept de base”, “à transmettre une information fidèle et pertinente aux lecteurs du média (...) et à respecter à tout moment le processus démocratique et de paix”. Des formulations volontairement floues qui s’apparentent pour RSF à un grave moyen de pression et de censure en cette période électorale.


“Dans le cas où je ne remplis pas ces conditions, j’accepte de me voir retirer l’accréditation m’ayant été octroyée par les autorités compétentes », se poursuit le texte. Ainsi, un journaliste qui ne respecterait pas ses consignes, ne pourrait plus travailler.


Cette censure préventive imposée aux médias internationaux est intolérable, dénonce Emmanuel Colombié, chef du bureau Amérique latine de Reporters sans frontières.

Nous exhortons le gouvernement du Venezuela à ne pas entraver le travail de la presse, et plus particulièrement celui des correspondants étrangers. Les autorités vénézuéliennes doivent respecter leurs engagements nationaux et internationaux.


Cette décision est une première dans le pays, si l’on en croit le Syndicat national des travailleurs de la presse (SNTP) vénézuélien qui a immédiatement dénoncé la manoeuvre du Minci. Elle ne respecte ni les standards internationaux de liberté d’expression, ni le processus officiel vénézuélien d’octroi des accréditations internationales, prévu par la Résolution N° 053 du 27 avril 2004 et publié dans la Gazette officielle N° 37930 du 4 mai 2004.


Ces élections du 6 décembre sont cruciales et pourraient voir l’opposition devenir majoritaire à l’Assemblée, ce qui mettrait en difficulté le président Nicolas Maduro, successeur d’Hugo Chavez et dont la position et le pouvoir sont fragilisés depuis de nombreux mois. Depuis son élection en avril 2013, Nicolas Maduro se montre très hostile envers les médias indépendants. Il a notamment favorisé la création et le renforcement des médias pro-gouvernementaux depuis son accession au pouvoir.


Le Venezuela se classe 137ème sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2015 de RSF.

Publié le
Updated on 21.03.2017