Le régime iranien Intensifie la surveillance et la répression des journalistes citoyens

Reporters sans frontières (RSF) condamne l’aggravation de la censure sur internet et la répression des journalistes citoyens en Iran. Depuis le début de l’année, RSF a recensé l’arrestation de 94 internautes, principalement des utilisateurs de la messagerie Telegram. Les journalistes sont plus en plus victimes de la guerre que se livrent les différentes factions au sein du régime.

Le 20 juin 2017, la journaliste et photographe Assal Esmaeilzadeh a été arrêtée par la chambre du parquet culture et médias de Téhéran alors qu’aucune charge ne pesait sur elle. C’est en fait son époux, Saed Seif, le directeur du site d’information Dideban é Iran, qui était convoqué mais selon ce dernier “mon épouse a été arrêtée pour faire pression sur moi, car on me demande de faire des aveux contre le président Hassan Rohani et de publier des fausses informations contre les ministres de son gouvernement” a expliqué dans un tweet le directeur du site.


Reporters sans frontières (RSF) a par ailleurs appris la condamnation de trois journalistes-citoyens pour la publication d’informations sur leurs messageries Telegram. Arrêtés en septembre 2016, Mohammad Mohajer, Alireza Tavakoli et Mohammad Mehdi Zaman Zadeh ont été jugés le 9 avril 2017, et respectivement condamnés à 12 ans de la prison ferme pour “insulte envers Ali Khamenei et Rouhollah Khomeiny, le fondateur du régime » , « insulte envers des sacrés de l'islam» et «propagande contre le régime. »


Les utilisateurs de Telegram, une messagerie instantanée très populaire en Iran, sont de plus en plus la cible de la répression du régime. Malgré les assurances du créateur de Telegram, Pavel Durov, que son site de messagerie instannée “n'a conclu aucun accord avec aucun gouvernement de cette planète. Et n’a pas l’intention de le faire”, le 7 juin 2017, le ministre de la Communication et de la Technologie d'information, Mahmoud Vaezi, a déclaré devant le parlement “plutôt que de bloquer Telegram, ce qui pousserait ses utilisateurs à se diriger vers une autre application, nous nous sommes mis d’accord avec leurs responsables pour bloquer les contenus de nature sexuelle, anti-religieux ou qui feraient l’apologie de la violence et le terrorisme”. Jusqu'à présent, 173.000 comptes Telegram ont été bloqués. Le ministre de la Communication a précisé avoir « lancé un filtrage intelligent qui a permi la vérification de 400 millions de logos et d’images,” avant de préciser que bien que la vérification de contenus de publication ne figure pas dans le domaine de compétence de son ministère, “depuis trois ans, au moins sept millions d’adresse et 121 logiciels contournant le filtrage ont été bloqués.”


La censure et la répression, officiellement destinées à protéger la population contre des contenus immoraux, se sont étendues aux informations politiques et religieuses ou encore aux sites consacrés aux droits fondamentaux et notamment ceux des femmes. En mars 2017, Abdolsamad Khoramabadi, responsable du comité en charge d’identifier les sites non autorisés, avait signalé que “plus de 18.000 volontaires surveillent le réseau et dénoncent auprès du parquet les délits et crimes commis sur les réseau sociaux.”


Le 12 juin 2017, les familles de Seid Mojtaba Bagheri, Sobhan Jafari Tash, Javad Jamshidi, Nima Keshvari et Said Naghdi, administrateurs de pages publiées sur la messagerie Telegram, ont déposé une plainte pour dénoncer la lenteur excessive de l'institution judiciaire dans le traitement de leur dossier. Les cinq hommes, proches des milieux réformateurs, ont été arrêtés par les gardiens de la révolution le 16 mars 2016 et sont toujours en détention provisoire à la prison d’Evin. D’après des informations recueillies par RSF, les cinq internautes et leur codétenu, Ali Ahmadinia, ont entamé le 19 juin 2017, une grève de la faim pour protester contre leur situation.


Depuis le début de l’année, RSF a recensé plus de 94 arrestations d’internautes, notamment des utilisateurs de la messagerie Telegram. La plupart du temps, les autorités iraniennes poursuivent les journalistes et les journalistes citoyens pour cybercriminalité ou les accusent d’actes immoraux.


L’Iran est classé 165e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2017 de Reporters sans frontières.

Publié le
Mise à jour le 22.06.2017