Le rédacteur en chef de Radio Shabelle dans le collimateur du ministère de l'Information

Reporters sans frontières se déclare inquiète de la convocation par le ministre de l'Information d'Abdi Mohamed Ismail, dit "Abdi Uud", rédacteur en chef de la radio appartenant au Shabelle Media Network. Cette convocation fait suite aux déclarations du ministre, Abdullahi Ilmooge Hersi, lors de sa conférence de presse du 16 juillet 2013. Ce dernier mettait en garde les médias s'opposant à la proposition d'une nouvelle loi de régulation de la presse présentée par le Conseil des ministres de la Somalie, le 11 juillet 2013, les accusant d'obéir à des intérêts étrangers. Abdi Uud a affirmé qu'il ne se présenterait pas au ministère de crainte d'être retenu et placé en détention. Ce refus pourrait toutefois mener à son arrestation. Interrogé par Reporters sans frontières, Abdi Uud a affirmé : "Le langage utilisé par le ministre de l'Information est le même que celui dont usent les miliciens d'Al-Shabaab afin de justifier leurs attaques et d'intimider les médias en Somalie". --------- 15.07.2013 - Le cabinet du Premier ministre propose la suppression du secret des sources Le 11 juillet 2013, le Conseil des ministres de la Somalie a avalisé une nouvelle législation qui, si elle était adoptée par le parlement, remplacerait la loi de régulation des médias de 2007. Reporters sans frontières s'inquiète vivement de cette proposition de loi qui constitue une grave menace pour la liberté de la presse et le pluralisme des médias. La loi prévoit notamment l'obligation pour les journalistes de divulguer leurs sources sur demande de la justice, une violation flagrante de la liberté de l'information. "Par cette proposition, le Conseil des ministres révèle au monde entier son mépris des journalistes et des principes fondateurs d'une presse libre. Dans l'un des pays les plus dangereux au monde pour la profession, l'autocensure qui résulterait de l'absence de protection des sources réduirait quasiment au silence les derniers acteurs de l'information", a déclaré Reporters sans frontières. "Nous demandons au parlement somalien de défendre la liberté de l'information, en rejetant sans délais cette législation répressive", a ajouté l'organisation. La nouvelle loi entérine une forte pression gouvernementale sur les médias locaux et étrangers en Somalie au nom de "la sécurité". Une des principale sources d'inquiétude est la nature vague du langage utilisé dans le texte concernant les délits de presse. La proposition porte également atteinte à l'indépendance du Conseil national des médias, l'organe de régulation de la presse. L'Union nationale des journalistes somaliens (National Union of Somali Journalists – NUSOJ) a dénoncé la décision du Conseil des ministres : "Si la proposition de loi n'est pas modifiée avant d'être approuvée par le parlement fédéral, elle restreindrait gravement le pluralisme des médias, limiterait l'indépendance de la presse et découragerait la liberté d'expression, trois éléments essentiels pour la démocratie", a déclaré Omar Faruk Osman, le secrétaire général. Cette proposition de loi intervient alors que le rédacteur en chef du quotidien somalien Hubaal, Hassan Hussein Abdullahi, ainsi que son directeur, Mohamed Ahmed Jama, ont été condamnés, le 3 juillet dernier, à des peines de prison et de lourdes amendes. L'insécurité continue d'entraver le travail des journalistes. Le 7 juillet 2013, le journaliste somalien, Liban Abdullahi Farah a été assassiné par des inconnus lorsqu'il rentrait chez lui. Plus d'informations sur la liberté de la presse au Somalie. Photo : Ministre de l'Information de la Somalie, Abdullahi Ilmooge Hersi (Mohamed Abdiwahab / AFP)
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Updated on 20.01.2016