Le mobile du vol retenu dans l’assassinat de deux femmes journalistes de la capitale, récit du procureur

Oscar Yair Quiñones Emmer, 29 ans, et Lázaro Hernández Ángeles, 26 ans, ont été arrêtés les 30 septembre et 1er octobre 2011. Ils figurent comme les principaux suspects dans l’assassinat, un mois plus tôt dans la capitale, des journalistes Ana María Marcela Yarce Viveros et Rocío González Trápaga. Un troisième aurait été arrêté depuis. “Nous saluons la célérité avec laquelle les autorités du District Fédéral ont conduit l’élucidation de ce double assassinat, qui a fortement ému l’opinion publique mexicaine et internationale. Même si le mobile de cette affaire est a priori sans rapport avec la profession des victimes, le succès de cette enquête démontre que la lutte contre l’impunité peut parfois être gagnée. Nous attendons la même célérité judiciaire dans les nombreuses affaires d’assassinats et de disparitions de journalistes qui endeuillent le Mexique depuis une décennie”, a déclaré Reporters sans frontières. Les suspects ont avoué avoir commis de double crime dans le but de dérober aux deux femmes une importante somme d’argent qu’elles comptaient échanger avec eux contre des dollars. Lors d’un entretien accordé à Reporters sans frontières le 4 octobre, Miguel Ángel Mancera, procureur général de Justice du District Fédéral (PGJDF), a notamment précisé qu’Oscar Yair Quiñones connaissait personnellement Marcela Yarce depuis trois ans. Il avait, en effet, travaillé comme gardien du parking de la rédaction de l’hebdomadaire Contralínea, dont la journaliste était l’une des fondatrices. Selon le récit du procureur, un rendez-vous a d’abord été fixé aux deux femmes, arrivées à bord du véhicule de Rocío González, à proximité d’une station de métro. De là, elles ont été invitées à monter à bord d’une camionnette, suivie par une autre voiture, qui a pris la direction du quartier d’Iztalpalapa, à l’est de la capitale. Emmenées dans un immeuble de la colonie El Mirador, les deux victimes ont d’abord été forcées de se déshabiller et de subir une fouille sous la menace de l’arme à feu d’Oscar Yair Quiñones. Séquestrée à l’étage tandis que Rocío González, restée au rez-de-chaussée, était étranglée à la cordelette, Marcela Yarce a subi le même sort peu après. Les assassins ont aussitôt transporté les corps dans la camionnette pour les abandonner dans un parc. Les cadavres présentaient chacun deux impacts de balles tirées, selon l’expertise, après le décès des victimes. L’examen des communications téléphoniques passée entre les deux femmes et leurs assassins a permis à l’enquête de progresser rapidement, et en particulier de retrouver la trace d’Oscar Yair Quiñones, déjà connu de la justice pour des affaires de vols. Les informations fournies par le procureur Mancera semblent corroborer celles qu’affirme avoir recueilli Miguel Badillo, directeur de Contralínea. Celui-ci a qualifié l’enquête judiciaire de “nette” et “satisfaisante”. Le pays compte deux autres femmes journalistes assassinées depuis le début de l’année : Yolanda Ordaz de la Cruz, le 26 juillet dans l’État de Veracruz, et María Elizabeth Macías, le 24 septembre dans l’État de Tamaulipas. Aggravé par cinq ans d’offensive fédérale contre le narcotrafic dont le bilan atteint 50 000 morts, le Mexique affiche le sinistre record de 80 journalistes tués depuis 2000 et 14 autres disparus depuis 2003. Photo : Notimex
Publié le
Updated on 20.01.2016