Le microblogging dans le collimateur des autorités

Reporters sans frontières s’inquiète de la nouvelle vague de répression lancée par les autorités contre les outils collaboratifs du Web, en particulier les microblogs. Le 15 juillet 2010, plusieurs dizaines de comptes de microblogs ont été fermés, parmi lesquels celui du blogueur Yao Yuan et celui de l'avocat Pu Zhiqiang. Les quatre plateformes de micro-blogging les plus importantes, Netease, Sina, Tencent et Sohu, apparaissent comme en phase de test ou affichent des messages d'accueil expliquant qu’ils sont en maintenance. « Les autorités chinoises sont obsédées par le maintien de l’ordre public. Cette dernière tentative de censure montre leur méfiance envers le microblogging et son potentiel de diffusion d'information et de mobilisation. Cependant, malgré les moyens monumentaux déployés par le régime pour assurer le contrôle du Web, il est impossible de maîtriser tout les flux d’informations qui transitent via Twitter et ses équivalents chinois. C'est en effet un outil utilisé aussi par le pouvoir et des internautes chinois qui n'ont rien à voir avec la dissidence, » a déclaré Reporters sans frontières. Immédiat et accrocheur, le microblogging, forme de blogs composés de posts réduits à 140 caractères, pratique pour la diffusion de messages de masse, est très en vogue chez les internautes chinois. L’accès à Twitter est bloqué par la Grande Muraille électronique, mais le site est tout de même utilisé par les internautes qui recourent à des outils de contournement de la censure. Les plateformes de microblogging chinoises sont pourtant soumises aux filtres mis en place par les censeurs, qui analysent les posts, tout comme les liens URL réduits qui y apparaissent. Par exemple, voici un lien vers le communiqué suivant de Reporters sans frontières : http://fr.rsf.org/chine-les-autorites-en-croisade-contre-l-07-05-2010,37411.html et voici un exemple de la version « raccourcie », obtenue par un réducteur d'URL (ex : bit.ly) qui apparaitrait sur un microblog par souci d'économie de signes : http://bit.ly/a5F8it. Ces URL « réduits » seraient aussi contrôlées par les censeurs, et les internautes empêchés d'accéder aux sites jugés offensifs par les autorités. Xiao Qiang, directeur du Projet Chine Internet à l’université de Berkeley en Californie, prédit un renforcement de la censure dans les mois à venir. Selon lui, le gouvernement a déployé d'importants moyens financiers, humains et technologiques pour affirmer son contrôle sur le Web 2.0. Un rapport récemment publié par l'organisation Human Rights in China (HRIC) confirme ces craintes et révèle la volonté des autorités de transformer Internet en un outil de consolidation du pouvoir et de promotion du « soft power » de la Chine à l'étranger. Les autorités sont déjà parties en croisade contre l'anonymat en ligne, une stratégie dénoncée par Reporters sans frontières (http://fr.rsf.org/chine-les-autorites-en-croisade-contre-l-07-05-2010,37411.html). Début mai 2010, Wang Chen, numéro deux du Département de la propagande, déclarait : « Nous envisageons un système d’authentification des identités pour les utilisateurs de forums ». A ce jour, les internautes sont tenus de s’enregistrer avant de poster des commentaires sur ces sites, mais ils peuvent le faire sous un pseudonyme. Selon Wang, après avoir imposé l'anonymat des publications sur les sites clés d'informations et les sites commerciaux, il s’agirait d’étendre le système aux forums et aux sites d’échanges. HRIC s'est procurée la version « non censurée » du rapport interne de Wang Chen, dans lequel il détaille la stratégie des autorités pour empêcher la circulation d'informations « dommageables » de l'étranger, « guider » l'opinion publique en « unifiant la pensée » et « contrer l'hégémonie des médias occidentaux ». Il s'agit ni plus ni moins que de déconnecter l'Internet chinois du World Wide Web pour mieux en assurer le contrôle. (http://www.hrichina.org). La Chine avait également adopté, le 29 avril 2010, un amendement à la Loi sur les secrets d’Etat, qui impose aux entreprises du Net et des télécommunications de collaborer avec les autorités sur les questions liées à la sécurité nationale. (http://fr.rsf.org/chine-les-entreprises-internet-enrolees-29-04-2010,37237.html).
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Updated on 20.01.2016