Le journaliste d'opposition accusé de viol décide de se défendre seul

Sergey Douvanov a décidé, le 23 janvier, de se séparer de ses avocats et d'assurer lui-même sa défense. Le journaliste considère qu'on ne lui donne pas la possibilité de se défendre normalement après le rejet par le tribunal, le 22 janvier, d'une requête de ses avocats demandant l'annulation des poursuites pour absence de preuves, et en raison de nombreuses violations de la loi au cours de l'enquête et du procès. _____ Le 9 novembre 2002, Sergueï Douvanov, le journaliste d'opposition accusé de viol et incarcéré depuis le 28 octobre, a dû cesser sa grève de la faim et de la soif après avoir été alimenté de force. Il l'avait entamée dix jours auparavant, afin de prouver son innocence. ______ 28.10.2002 - Un journaliste d'opposition accusé de viol : Reporters sans frontières demande des explications Le 28 octobre 2002, Sergueï Douvanov, rédacteur en chef du magazine Bulletin, publié par le Bureau international de défense des droits de l'homme, a été arrêté par la police pour le viol d'une petite fille de 14 ans. "En raison de la répression dont Sergueï Douvanov est victime et étant donné la situation de la liberté de la presse au Kazakhstan, nous sommes en droit de douter du bien-fondé de cette accusation de viol", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Georgy Kim. "Si vous n'êtes pas en mesure d'apporter des preuves irréfutables de la culpabilité de Sergueï Douvanov dans cette affaire, nous considérerons qu'il s'agit d'une pression de plus contre les journalistes d'opposition dans votre pays. Nous vous demandons de mener cette enquête dans la plus grande transparence", a-t-il ajouté. Sergueï Douvanov est réputé pour être l'un des journalistes kazakhes les plus critiques envers les autorités. Il dénonce régulièrement le harcèlement qu'elles exercent sur les médias indépendants et sur l'opposition, et fait l'objet de poursuites judiciaires pour atteinte à l'honneur et à la dignité du président Noursultan Nazarbaïev. Le 28 août 2002, le journaliste d'opposition avait été agressé par trois inconnus et grièvement blessé. Lors d'une mission d'enquête en juillet 2002 à Almaty, un représentant de Reporters sans frontières avait rencontré à plusieurs reprises Sergueï Douvanov. Il lui avait exposé les différentes mesures d'intimidation et les pressions judiciaires dont il faisait l'objet de la part des autorités. Il lui avait confié que le pouvoir n'hésiterait pas à le piéger par une affaire de mœurs ou de drogue. "Je suis encore libre et en bonne santé, mais cela peut ne pas durer", avait-il conclu. Selon les organisations locales de défense des droits de l'homme et les journalistes d'opposition kazakhes, les opposants politiques sont régulièrement discrédités par les services secrets dans le but de les intimider ou de les faire chanter. Reporters sans frontières rappelle qu'Artur Platonov, journaliste politique de la chaîne de télévision indépendante KTK, a été violemment agressé le 16 août 2002 à Almaty. Par ailleurs, la fille de la journaliste Lira Baïssetova, rédactrice en chef de l'hebdomadaire d'opposition Respublika, est décédée le 21 juin 2002 dans des conditions suspectes alors qu'elle se trouvait en garde à vue. Ces deux enquêtes n'ont pas encore abouti.
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Updated on 20.01.2016