Le journaliste-citoyen Huang Qi arrêté en marge du plénum du Comité central du PCC

Reporters sans frontières, (RSF) condamne l’arrestation du directeur du site d’information sur les droits de l’homme 64Tianwang, Huang Qi, ainsi que de Liu Feiyue, fondateur du site Civil Rights and Livelihood Watch (CRLW), les 23 et 24 octobre 2016 à Chengdu. Les deux journalistes-citoyens ont été arrêtés par la police dans des circonstances encore inconnues. RSF appelle à leur remise en liberté immédiate et inconditionnelle.

D’après un article publié sur le site de Voice of America (VOA), Huang Qi a subitement cessé de donner des nouvelles depuis le 24 octobre au soir. Un contributeur de 64Tianwang a expliqué que la famille de Huang Qi avait contacté la police locale, qui a affirmé que le journaliste-citoyen avait été emmené par d’autres policiers sans préciser l’unité ou le département responsable de cette arrestation ni les raisons. Une photo publiée sur le web montre le domicile de Huang Qi en désordre, indiquant une probable perquisition du domicile par la police.


Plusieurs pistes pour expliquer son arrestation ont été évoquées. Au cours d’une interview donnée le jour même à Radio Free Asia, il avait déclaré avoir refusé de répondre à une convocation par les autorités. VOA fait également référence au 6e plénum du Parti communiste chinois (PCC), qui se tient actuellement à Pékin. Les autorités chinoises ont pour habitude de détenir les blogueurs et défenseurs des droits de l’homme en marge d’événements officiels afin d’empêcher la couverture de manifestations inopinées par des citoyens ou des pétitionnaires en colère.


Liu Feiyue a, lui, été appréhendé par les autorités du Hebei, la veille. Aucune information claire sur les raisons ou le lieu de sa détention n’a pu être obtenue. Mais selon certaines sources chinoises anonymes, son interpellation pourrait aussi être liée au plénum du Comité central du PCC à Pékin.


Nous demandons aux autorités de remettre Huang Qi et Liu Feiyue, ainsi que leurs collègues, en liberté dans les plus brefs délais, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. La police doit cesser de harceler les journalistes-citoyens et respecter l’état de droit, qui se distingue de ‘l’état par le droit’ en ce qu’il est compatible avec la Constitution chinoise. Nous demandons des explications quant à ces deux arrestations qui s’apparentent à des enlèvements.


Fondateur de 64Tianwang, lauréat du prix RSF cyber-liberté en 2004, Huang Qi et ses journalistes ont déjà fait l’objet de multiples tentatives d’intimidation de la part du parti communiste au pouvoir. Le 19 septembre dernier, il avait notamment été arrêté à son domicile et détenu pendant plus de 24 heures. Son équipement informatique et son téléphone portable avait été saisi par les autorités. Quelques semaines plus tôt, en marge du G20 à Hangzhou (sud-est de la Chine) les 4-5 septembre 2016, cinq journalistes-citoyennes et contributrices de la plateforme d’information 64Tianwang ont été enlevées par la police chinoise, laissant leur proches sans nouvelles. RSF continue d’appeler à leur libération ainsi qu’à l’abandon de toute charge à leur encontre.


La plateforme d’information 64Tianwang fait partie des 22 nominés pour le Prix RSF pour la liberté de la presse en 2016.


La Chine occupe la 176e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2016 établi par Reporters sans frontières ; et son président, Xi Jiping, fait partie des prédateurs de la presse.


Publié le
Mise à jour le 25.10.2016