Le journaliste Allam Abdel Ghaffar innocenté

Le journaliste du quotidien Youm7, Allam Abdel Ghaffar, a été innocenté par le juge de la Cour criminelle de Guizeh, le 21 novembre 2010. Reporters sans frontières salue la décision d’annuler les charges et les peines prononcées contre le journaliste, que l’organisation jugeaient à la fois infondées et disproportionnées. Le 24 octobre 2010, le procureur général de la Cour de Guizeh avait requis 15 ans de prison contre Allam Abdel Ghaffar pour divulgation d’informations mensongères et constitution de faux documents à charge. Il n’avait jamais été entendu au cours de la procédure. Reporters sans frontières avait adressé, le 27 octobre 2010, une lettre ouverte au ministre de la Justice, Mamdouh Mohhieddine Mari, lui demandant que les charges retenues soient levées. (pour information : http://fr.rsf.org/egypte-un-journaliste-condamne-a-15-ans-28-10-2010,38687.html). ------------------------- 28/10/2010 Peine disproportionnée Un journaliste condamné à 15 ans de réclusion au terme d'une procédure illégale Reporters sans frontières a adressé, le 27 octobre 2010, une lettre ouverte au ministre de la Justice, Mamdouh Mohhieddine Mari, lui demandant que les charges retenues contre Allam Abdel Ghaffar soient levées. Le journaliste a été condamné à 15 ans de prison pour divulgation d'informations mensongères et constitution de faux documents à charge. Il n'a jamais été entendu au cours de la procédure.






Monsieur Mamdouh Mohy Al Din Marey
Ministère de la Justice
Magles El Shaab St.
Justice Bldg
Le Caire



Paris, le 27 octobre 2010


Monsieur le Ministre,
Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite attirer votre attention sur le cas du journaliste Allam Abdel Ghaffar, condamné à 15 ans de prison par la Cour d'assises de Guizeh, au sud du Caire, le 23 octobre 2010. Le journaliste a publié le 30 mars 2010, dans l'hebdomadaire "Al-Yom Al-Sabi'", une enquête faisant état d'une affaire de corruption dans l'entreprise de produits biologiques et de vaccins VACSERA. Au moment de sa publication, les documents utilisés par Allam Abdel Ghaffar se sont révélés faux. Le quotidien a aussitôt publié un correctif. Plusieurs hauts responsables ont été injustement impliqués. En l'absence de cadre juridique clair régulant l'accès et la circulation de l'information, Allam Abdel Ghaffar n'a pu vérifier l'authenticité de ses sources. Le véritable délit ne réside pas dans la diffusion involontaire de fausses informations, mais dans la falsification de documents administratifs, à quelque fin que ce soit. Par ailleurs, plusieurs principes généraux du droit n'ont pas été respectés. L'égalité des droits de la défense n'a pas été pris en compte. Le procès s'est tenu sans que l'intéressé en ait eu connaissance. Allam Abdel Ghaffar n'a pu contacter un avocat afin d'assurer sa défense face aux Assises. Sa condamnation a été prononcée en son absence. En outre, le principe de proportionnalité entre le délit considéré et la peine énoncée n'a pas été pris en considération. Reconnu coupable d'un crime dont il n'est pas responsable, Allam Abdel Ghaffar a été condamné à 15 ans de prison, là où la jurisprudence en vigueur fait état de 5 ans pour des cas avérés de diffusion volontaire de fausses informations. Compte tenu du caractère disproportionné de la peine, et des irrégularités dont est entaché le jugement, Reporters sans frontières vous demande, conformément à votre mandat, d'exiger l’abandon des charges retenues contre le journaliste Allam Abdel Ghaffar. Je vous remercie de l’attention que vous porterez à nos demandes, et je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération. Jean-François Julliard
Secrétaire général de Reporters sans frontières

CC : le procureur général Abdel Maguid Mahmoud
Publié le
Updated on 20.01.2016