Le journal d'opposition Amar Desh fermé, son éditeur violemment arrêté

Reporters sans frontières est indignée par la fermeture du journal national Amar Desh et s'inquiète pour le sort de son rédacteur en chef Mahmudur Rahman. Plus d'une centaine de policiers armés ont perquisitionné les locaux du quotidien le 2 juin et violemment interpellé le responsable de la rédaction, malgré les protestations des journalistes présents sur place. L'imprimerie de ce journal proche du parti d'opposition a également été fermée. Mahmudur Rahman est accusé de "fraude" et de violences sur des policiers. "Nous condamnons la fermeture et l'annulation de la licence du quotidien Amar Desh. L'arrivée des policiers armés dans les locaux du journal pendant la nuit et l'arrestation violente de son rédacteur en chef Mahmudur Rahman sont indignes d'un régime d'Etat de droit", a déclaré Reporters sans frontières. "Visiblement, le gouvernement de la Ligue Awami ne tolère pas les critiques de ce journal d'opposition, et notamment ses révélations sur le sujet controversé de l'attribution de contrats énergétiques à des entreprises étrangères. En effet, Mahmudur Rahman, spécialiste de ces questions pour l'ancien gouvernement, a mis en cause les autorités sur ces dossiers", a affirmé l'organisation. "Nous demandons qu'une enquête indépendante et transparente soit diligentée sur les accusations que le gouvernement porte à l'encontre du journal et de son rédacteur en chef. Dans l'attente des résultats de l'enquête, l'organisation demande au chef du gouvernement Sheikh Hasina d'autoriser Amar Desh à reprendre sa publication et de libérer Mahmudur Rahman", a ajouté Reporters sans frontières. Dans la nuit du 1er au 2 juin, plus d'une centaine de policiers armés sont entrés dans les locaux d'Amar Desh à Dacca et ont confisqué les journaux destinés à la distribution. Ils ont également arrêté dans son bureau Mahmudur Rahman qui a été placé en détention pour "fraude". Plusieurs journalistes ont été blessés lors de cette perquisition. Cinq journalistes ont été accusés de violences. L'imprimerie du quotidien a été également fermée. La veille, des officiers de la National Security Intelligence (NSI) s'étaient présentés au domicile de Mohammad Hasmat Ali, l'éditeur d'Amar Desh, pour le conduire dans des locaux de la NSI, où il aurait été forcé de signer deux papiers vierges. Plus tard, les autorités ont révélé le contenu de ces deux documents : Mohammad Hasmat Ali reconnaissait avoir continué à se présenter comme l'éditeur du journal alors qu'il avait déjà transféré les titres de propriété du groupe de presse à Mahmudur Rahman ; et Hasmat Ali affirmait vouloir entamer des poursuites judiciaires contre Mahmudur Rahman. De toute évidence, la police a cherché à piéger l'actuel et l'ancien éditeur pour obtenir une annulation de la licence de publication en vertu de la loi sur la presse de 1973. Amar Desh a commencé à publier en septembre 2004, quand le parti d'opposition BNP était au pouvoir. Au cours des dernières semaines, le gouvernement de Sheikh Hasina a pris des décisions hostiles à la liberté de la presse : http://fr.rsf.org/bangladesh-l-acces-a-facebook-retabli-au-31-05-2010,37626.html http://fr.rsf.org/bangladesh-lettre-ouverte-a-la-premiere-30-04-2010,37335.html http://fr.rsf.org/bangladesh-la-justice-permet-la-levee-de-la-30-03-2010,36896.html
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016