Le gouvernement ordonne la fermeture d’un blog, dans un contexte d’intolérance religieuse croissante

Reporters sans frontières dénonce la fermeture du blog de Ismail “Hilath” Rasheed, le 19 novembre 2011, par l’Autorité des Communications des Maldives (ACM), sur ordre du ministère des Affaires islamiques. D’après une déclaration de l’ACM, le ministère a estimé que le blog publiait des contenus “anti-islamiques”. “La multiplication d’actes d’intolérance religieuse menace la jeune démocratie maldivienne. Les incidents touchant des professionnels de l’information restent rares, mais ce n’est que parce que la majeure partie d’entre eux préfère s’autocensurer et éviter de traiter des sujets relatifs à l’Islam, contrairement à Ismail "Hilath" Rasheed. Nous demandons la réouverture immédiate de son blog. Le gouvernement ne doit pas céder aux pressions d’une minorité de fanatiques, mais doit tout mettre en oeuvre pour que les médias soient libres d’aborder les sujets de leur choix. Le Religious Unity Act doit également être modifié dans ce sens”, a déclaré Reporters sans frontières. Selon Ismail "Hilath" Rasheed, le ministère des Affaires islamiques a son blog en ligne de mire car il est musulman soufi, et non sunnite comme la majorité des Maldiviens, et s’est toujours montré très critique à l’égard du fondamentalisme religieux. Il a également déclaré que son blog, le premier à être fermé depuis janvier 2009, n’est que la première victime d’une prochaine vague de répression de la part de la frange conservatrice, à la tête du ministère des Affaires islamiques. Le blogueur prévoit de porter cette affaire devant un tribunal, car seule une décision de justice peut entraîner la réouverture d’un site Internet fermé par le gouvernement. Ismail "Hilath" Rasheed avait déjà reçu des menaces de mort anonymes sur Internet, en mars 2010. Le blasphème est très sévèrement puni par la loi aux Maldives, et le gouvernement a renforcé, en septembre 2011, le Religious Unity Act de 1994. Cette loi interdit aux médias de diffuser des contenus “humiliant Allah, ses prophètes, le Coran, la Sunna et la foi islamique”. La publication de contenus relatifs à d’autres religions que la religion d’Etat, l’Islam sunnite, est également sanctionnée par deux à cinq ans de prison. Les Maldives figurent au 52ème rang, sur 178 pays, au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2010. Les caches Google du blog sont encore accessibles. Des captures d’écran de pages cachées sont disponibles ci-dessous, ainsi que quelques articles.
Publié le
Updated on 20.01.2016