Le fondateur du journal Al-Wasat mort en garde à vue au Bahreïn, libération de trois journalistes et d'un blogueur en Syrie et d’un journaliste norvégien en Libye

18.04.2011 Reporters sans frontières salue la libération par les autorités de Damas du blogueur syrien Wassim Hassan, détenu depuis le 14 avril 2011. L’organisation prend également acte de la libération de la journaliste syrienne en Libye, Rana Akbani. Sa famille a déclaré qu’elle avait été relâchée par les autorités libyennes le 14 avril. La journaliste, qui réside en Libye depuis une quinzaine d’années, travaille pour la section culturelle du journal libyen Al-Shams. La chaîne de télévision Al-Libya TV a diffusée, le 30 mars dernier, une interview de la journaliste, largement reprise sur Internet (http://almanaramedia.blogspot.com/2011/03/blog-post_7932.html), dans laquelle la présentatrice Hala Misrati accuse Rana Akbani de manquer d’objectivité, de couvrir les manifestations populaires à Benghazi de façon mensongère, et de collaborer avec l’étranger. (lire http://fr.rsf.org/libye-une-journaliste-syrienne-portee-31-03-2011,39933.html) ----------------------

BAHREIN

Reporters sans frontières est scandalisée par la mort, le 12 avril 2011, de Karim Fakhrawi, fondateur et membre du directoire d’Al-Wasat, seul journal indépendant du Bahreïn, qui se trouvait en garde à vue depuis une semaine. Les causes exactes de son décès restent à éclaircir. “Cela porte à quatre le nombre de personnes décédées au cours de leur garde à vue. L’ensemble des lieux de détention sont sous la responsabilité des autorités du Bahreïn qui doivent rendre des comptes sur ces décès, tout comme sur les allégations relatives au recours systématique aux mauvais traitements, voire aux actes de torture, à l’encontre des personnes arrêtées. Nous demandons l’ouverture d’une enquête indépendante afin de connaître les causes exactes du décès de Karim Fakhrawi. Les responsables doivent être arrêtés et condamnés”, a déclaré l’organisation. Karim Fakhrawi, homme d’affaires chiite de 49 ans et membre du parti d'opposition Al-Wefaq, avait été arrêté début avril. D’après les autorités, il serait mort d'une défaillance rénale. Mais ses proches doutent de cette explication, déclarant qu’il était en bonne santé lors de son arrestation. Lors de son enterrement, le 13 avril, dans le district de Hoora de la capitale, des personnes ont dévoilé le corps du défunt sur le chemin du cimetière pour vérifier les accusations de torture. Des photos et vidéos publiées en ligne montrent Karim Fakhrawi couvert de coupures et de meurtrissures. Le journal d’opposition Al-Wasat, fondé en 2002, avait été interdit par les autorités le 3 avril 2011, suite à la diffusion, la veille, d’un programme intitulé “Media Watch” par la télévision nationale accusant le journal de vouloir nuire à la stabilité et à la sécurité du Bahreïn. Le journal était accusé d’avoir commis de “graves abus”, de diffuser des informations fausses et mensongères, portant atteinte à l’image et à la réputation du pays à l’étranger. L’organe en charge de gérer les médias (Information Affairs Authority) avait quant à lui décidé d’autoriser à nouveau sa parution et distribution à compter du 4 avril. Toutefois, trois de ses principaux journalistes avaient été contraints de démissionner, et de comparaître devant l’institution pour une mise en examen (lire http://fr.rsf.org/bahrein-les-autorites-des-pays-en-proie-a-11-04-2011,40004.html). Reporters sans frontières rappelle que, le 9 avril dernier, le net-citoyen Zakariya Rashid Hassan déjà mort en détention, sept jours après son arrestation pour “incitation à la haine”, “publication de fausses nouvelles”, “promotion du sectarisme”, et “appel au renversement du régime sur des forums en ligne”. Il administrait un forum (http://www.aldair.net/forum/), fermé depuis, donnant des informations sur son village natal, Al-Dair. Le ministère de l’Intérieur a évoqué une drépanocytose (ou anémie à cellules falciformes) à l’origine de son décès. Explication rejetée par la famille du défunt. (http://fr.rsf.org/bahrein-les-autorites-des-pays-en-proie-a-11-04-2011,40004.html)

SYRIE

Reporters sans frontières a appris, le 15 avril 2011, la libération de quatre journalistes et blogeurs syriens : Mohamed Dibo, journaliste et écrivain, arrêté le 19 mars lors d’une manifestation à Banias; Ahmed Hadifa, blogueur détenu depuis le 24 mars en raison de ses activités sur Facebook; Zaher Omareen, journaliste, détenu depuis le 27 mars et Amer Matar, journaliste à Al-Hayat, détenu depuis le 1er avril. Tous ont été relâchés par les autorités syriennes. Une centaine de manifestants a par ailleurs été libérée. Si l’organisation salue la libération de ces journalistes et blogueurs, rien ne saurait justifier le caractère arbitraire de leur arrestation et détention. Par ailleurs, de nombreuses personnes restent incarcérées, parmi lesquels des professionnels de l’information. Reporters sans frontières appelle à leur libération immédiate et inconditionnelle. La levée de l’état d’urgence et la mise en place de réformes en vue d’une ouverture démocratique effective sont indispensables. Sont toujours détenus de manière arbitraire : le journaliste algérien Khaled Sid Mohand, arrêté le 9 avril 2011; le journaliste et écrivain syrien, Fayez Sara, arrêté le 11 avril ; le journaliste norvégien, d’origine syrienne, Mohamed Zaid Mistou, et le blogeur Kamal Hussein Sheikhou. Il n’y a toujours pas de nouvelles sur le sort des journalistes Akram Abu Safi et Sobhie Naeem Al-Assal, ainsi que du blogueur Wassim Hassan. Ce 15 avril, plusieurs experts des droits de l'homme de l'ONU avaient appelé les autorités syriennes à "stopper immédiatement" la "répression brutale" contre des manifestants pacifiques, s'inquiétant de l’augmentation importante du nombre des victimes. Ces experts avaient également réclamé la libération immédiate de tous les manifestants pacifiques injustement emprisonnés, dont des journalistes, blogueurs et défenseurs des droits de l'homme.

LIBYE

Le journaliste de la chaîne Al-Jazeera, Ammar Al-Hamdane, a été libéré le 14 avril 2011. Accusé de coopération avec les services secrets norvégien et qatari, ce caméraman norvégien, d’origine palestinienne, avait été arrêté le 7 mars 2011 dans l’ouest de la Libye avec trois de ses collègues, Lotfi Messaoudi, citoyen tunisien, Ahmad Val Ould el-Dine, de nationalité mauritanienne et Kamel Al-Tallou, un Britannique d’origine libyenne. Celui-ci est le dernier de l’équipe à être détenu, après la libération de son confrère tunisien le 31 mars et de son collègue mauritanien le 11 avril. Reporters sans frontières exprime son inquiétude sur le sort de ce journaliste, et réitère se demande de libération immédiate. Le nombre exact de journalistes actuellement détenus par les autorités libyennes demeure inconnu. Selon les informations collectées par Reporters sans frontières, sont toujours emprisonnés depuis le 5 avril dernier: Clare Morgana Gillis, journaliste freelance américaine qui couvrait les événements dans l’est du pays pour le site TheAtlantic.com et d’autres médias américains ; James Foley, correspondant américain du GlobalPost.com, travaillant également pour Stars, Stripes et Al-Jazeera ; Manu Brabo, photographe freelance espagnol et Anton Hammerl, photographe freelance sud-africain. Lotfi Ghars, journaliste tuniso-canadien travaillant pour la chaîne Al-Alam, est quant à lui détenu depuis le 16 mars dernier. Rana Akbani, journaliste syrienne, est également aux mains des forces loyalistes depuis le 28 mars dernier. Le journaliste freelance américain Matthew VanDyke est porté disparu depuis le 12 mars dernier.
Publié le
Updated on 20.01.2016