Le dossier contre le journaliste John William Ntwali se dégonfle

Le directeur du site d'information Ireme, a obtenu une liberation provisoire après 13 jours d'incarcération. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un dossier creux visant à intimider le journaliste. Le journaliste du site d’investigation journalistique Ireme, John William Ntwali a été provisoirement remis en liberté mardi à l'issue de 13 jours de détention par les forces de police rwandaise. Le reporter, initialement arrêté le 28 janvier, était accusé de viol sur mineure avant que le dossier de l’accusation ne s’effiloche, renforçant la thèse d’un coup monté contre ce détracteur du pouvoir en place. La jeune femme concernée, arrêtée en même temps que lui, a en réalité 20 ans, et ne présentait aucune marque de violence: le Procureur n'a eu d'autre choix que de réduire les charges à "attentat à la pudeur", une infraction vaguement définie dans le code pénale, mais néanmoins passible de 2 à 5 ans de prison. "Reporters sans frontières est soulagée que John William ait été remis en liberté, même si nous sommes toujours inquiets des charges qui pèsent contre lui, déclare Clea Kahn-Sriber responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières. Le dossier du Procureur se vide petit à petit de toute sa substance, on est passé de viol sur mineure à des attouchements consentis avec une femme majeure! Cela donne l'impression que cette accusation a été montée de toute pièces pour intimider le journaliste. Nous appelons maintenant les autorités à abandonner toutes les charges contre le journaliste." John William Ntwali est le directeur du site d’investigation journalistique Ireme, réputé pour ses prises de positions critiques envers le gouvernement de Paul Kagamé et qui avait été piraté en avril 2014. La deuxième version du site, créée pour contourner ce blocage, a elle aussi été rendue inaccessible. Au micro de RFI, le journaliste dénonce ces accusations et dit avoir fait l'objet de menaces, en lien avec sa couverture de l’affaire autour du décès suspect d'un ancien financier du parti au pouvoir, Assinapol Rwigara, mort lors d'une collision entre sa voiture et un camion à Kigali en février 2015 et dont la famille conteste qu'il s'agisse d'un accident. Les médias ne sont pas libres au Rwanda et subissent des intimidations constantes. Le 3 février dernier, les locaux du journal East African, propriété du groupe kenyan Nation Media Group, ont fait l'objet d'un raid de forces de police armées. Les ordinateurs et disques durs de deux journalistes ont été saisis et un reporter habitué des sujets sensibles, Yvan Mushiga, a été arrêté puis questionné pendant cinq heures au poste de police. Le Rwanda occupe la 161ème place sur 180 pays dans le Classement 2015 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Photo: John William Ntwali , Igihe.com
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Updated on 08.03.2016