Le Département central de la propagande lance une croisade contre la "fausse information"

Après l'annonce de dix directives s'appliquant à la presse pour l'année 2011, le Département de la propagande poursuit sa campagne de contrôle des médias. Cette instance de censure, directement liée au Parti communiste chinois, vient de mettre en place une session de formation d'une durée de six mois, qui enseignera aux journalistes comment "éradiquer les fausses informations, améliorer le sentiment de responsabilité sociale, et renforcer l'éthique journalistique". Bref, à faire des journalistes mêmes, les acteurs de la censure. Reporters sans frontières dénonce cette escalade dans le contrôle de l'information. Le Département de la Propagande se montre toujours un peu plus inventif dans l'élaboration de nouvelles directives qui font pression sur les journalistes. Cette formation tente d'interdire, chez les journalistes, tout esprit critique et à faire d'eux des fonctionnaires au service de l'idéologie de l'État. Le 26 janvier 2011, le secrétaire général de l'Association officielle des journalistes chinois, Zhai Huisheng (翟惠生) a présenté cette nouvelle campagne de contrôle des médias. Ce dispositif d'encadrement sera géré par plusieurs organismes tels que le Bureau central de la propagande, l'Association des journalistes chinois (中国记协), le Renmin Ribao (Quotidien du peuple, 人民日报), l'agence de presse Xinhua (新化社)…Il leur revient d'exercer un contrôle dans 14 provinces et de veiller au bon déroulement de cette formation qui doit permettre aux journalistes de "reconnaître et éviter les sujets politiques sensibles". L'organisation dénonce également l'utilisation abusive de la notion de "fausse information" ("虚假报道"), qui justifie de nombreux abus de la part des autorités envers les défenseurs de la liberté d'expression, tels que Long Can (龙灿) du Chengdu Shangbao (成都商报),Chengdu Commercial Daily), et Chang Ping (长平) du Nanfang Baoye Jituan (南方报业集团), injustement démis de leurs fonctions. Long Can, célèbre journaliste d'investigation du quotidien Chengdu Shangbao, a été licencié, le 21 janvier, accusé d'avoir produit de "fausses informations". Long Can avait révélé, dans un article, que les autorités de Huangshan, dans la province de l'Anhui, avaient ignoré trois appels au secours des 18 étudiants de l'université de Fudan à Shanghai dont la vie était en danger, lors d'une excursion dans la montagne de Huangshan. Sous les pressions du Département central de la propagande, le Chengdu Shangbao aurait été forcé de licencier son salarié. Au sein du journal, le rédacteur Zhang Feng a dû payer une amende de 1000 yuan (100 euros). Le rédacteur exécutif, Zeng Xi a été également licencié. Jiang Quanhong, membre du bureau de rédaction en charge de l'information a été démis de ses fonctions et soumis à une enquête sévère. Membre du bureau de rédaction, Wang Qi, a dû payer une amende de 3000 yuan (300 euros) de même que le rédacteur en chef, Chen Shuping. Le 28 janvier 2011, Chang Ping, journaliste talentueux et audacieux, a été contraint de quitter ses fonctions du groupe Nanfang Baoye Jituan,Groupe de presse du Sud), pour avoir refusé de changer certains passages dans ses articles. Chang Ping a pour ligne de conduite de refuser tout compromis avec le gouvernement. Son groupe de presse, basé à Canton, est d’ailleurs connu pour la qualité de ses enquêtes et l'audace de ses choix éditoriaux. Encore une fois, les autorités ont fait pression sur les responsables du groupe de presse pour qu'il renvoie le journaliste après qu'il a divulgué de "fausses informations". Chang Ping avait déjà perdu ses fonctions de rédacteur en chef pour ses articles qui pointaient le rôle du gouvernement chinois lors des révoltes tibétaines de 2008.
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Updated on 20.01.2016