Le contrôle de l'information parmi les enjeux de la bataille d'Abidjan, la RTI émettrait depuis un camion mobile

03.04.2011 – 12 heures – La RTI émettrait depuis un camion mobile Même si le rétablissement, le 2 avril, du signal de la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI) a pu faire croire à la reprise du siège de la chaîne publique par les forces fidèles à Laurent Gbagbo, la RTI pourrait en fait émettre depuis une villa d'Abidjan, à partir d'un camion mobile, a appris Reporters sans frontières de différentes sources locales, le 2 avril au soir. Une version défendue par le camp d'Alassane Ouattara. "Le Premier ministre, ministre de la Défense (Guillaume Soro), tient d’abord à rassurer l’ensemble des Ivoiriens et la communauté internationale que c’est à partir d’un car mobile que les pirates du clan Gbagbo tentent de ressusciter la RTI pour poursuivre leur propagande de destruction de la Côte d’Ivoire. Ce véhicule fait l’objet de recherche par les Forces Républicaines et sera détruit dès que possible. De toutes les façons, les installations à proprement parler de la RTI ne sont plus fonctionnelles", affirme le communiqué N° 030 du 02/04/11/CAB-PM-MD/PP, signé par le capitaine ALLA Kouakou Léon, porte-parole du gouvernement d'Alassane Ouattara, dont Reporters sans frontières a obtenu une copie. De leur côté, Ahoua Don Mello, porte-parole du gouvernement de Laurent Gbagbo, et Alcide Djédjé, ministre des Affaires étrangères du même gouvernement, nient cette version et affirment que leur camp tient la RTI. Plusieurs témoins résidant aux alentours de la RTI, dans le quartier de Cocody, ont confié à Reporters sans frontières que personne ne se trouvait dans le bâtiment de la chaîne publique. En février 2009, Laurent Gbagbo avait remis à la RTI un car de retransmission d'un milliard de francs CFA et deux Fly way, un équipement suédois permettant la diffusion d'un signal télévisé. "Aux rumeurs et mystères qui agitent la Côte d'Ivoire depuis 72 heures – qui contrôle la RTI ? où se trouve Laurent Gbagbo ? etc. – s'ajoutent la propagande et les appels publics à la mobilisation des Ivoiriens. Les intenses combats de rue se doublent d'une véritable guerre de la communication et de l'information. Nous mettons en garde toutes les forces en présence contre l'utilisation des médias à des fins d'appel à la haine contre les forces adverses et les populations civiles", a déclaré Reporters sans frontières. ---------------------------------------------------------------------------------------- 02.04.2011 - 19 heures - La RTI, aux mains des fidèles de Laurent Gbagbo, appelle les Jeunes patriotes à protéger le palais présidentiel Le 2 avril, en fin de matinée, des militaires pro-Gbagbo ont appelé à l'antenne de la Radio-Télévision Ivoirienne (RTI) à la mobilisation des troupes pour la "protection des institutions de la République", confirmant qu'ils avaient bien le contrôle de la chaîne publique. Dans ce "communiqué numéro 1 du PC du point d'appui", lu par un militaire accompagné d'une dizaine d'autres, ils demandent aux soldats de rejoindre cinq unités situées à Abidjan. Au journal de 13 heures (locale et GMT), Damana Pickas, conseiller du président du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Laurent Gbagbo), a appelé les "Jeunes patriotes" à descendre dans la rue et à converger vers la résidence présidentielle, à Cocody, et le palais présidentiel, au Plateau. Il a également demandé aux "Jeunes patriotes" de bloquer les deux ponts qui relient les quartiers sud d'Abidjan au Plateau. Un bandeau déroulant, attribué à Charles Blé Goudé, ministre de la Jeunesse du gouvernement de Laurent Gbagbo et chef du mouvement des "Jeunes patriotes", invite la population à vaquer à ses occupations assurant qu'Abidjan est sous contrôle des forces loyales à Laurent Gbagbo. ------------------------------------------------------------------------------------- 02.04.2011 - 11 heures - La RTI reprend ses programmes, la question de son contrôle encore floue La Radio-Télévision Ivoirienne (RTI) a repris ses programmes, le 1er avril au soir, à Abidjan, diffusant des images de la prestation de serment de Laurent Gbagbo après l'élection du 28 novembre 2010, puis de la musique patriotique. Un contenu qui discrédite assurément l'idée que la chaîne de télévision publique serait aux mains des Forces républicaines d'Alassane Ouattara, mais qui ne prouve pas cependant que les fidèles de Laurent Gbagbo en ont repris entièrement le contrôle, comme l'affirmait pourtant hier Alcide Djédjé, ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo. D'après les informations recueillies par Reporters sans frontières, il pourrait s'agir de programmes de back-up. A ce jour, il reste très difficile de déterminer si l'un ou l'autre camp contrôle effectivement le bâtiment et les équipements, situés dans le quartier de Cocody, où d'intenses combats ont fait rage depuis le 31 mars. Lire l'article "A Abidjan, la grande bataille du petit écran" publiée par Reporters sans frontières sur SlateAfrique.fr, le 1er avril. ----------------------------------------------------------------------------------- 01.04.2011 - Le contrôle de l'information parmi les enjeux de la bataille d'Abidjan Reporters sans frontières redoute que la bataille d'Abidjan ne sème son lot d'exactions et de massacres. Nous appelons à la protection des populations civiles et espérons une paix rapide en Côte d'Ivoire. Dans un climat de confusion où les informations sont difficilement vérifiables, l'organisation prévient contre tout risque de règlement de compte au sein de la presse ivoirienne, polarisée à l'extrême. Les suspension et perturbation de l'activité des médias sont malheureusement de nature à alimenter rumeurs et désinformation. Les Forces républicaines d'Alassane Ouattara ont annoncé avoir pris le contrôle de la Radio-Télévision ivoirienne (RTI) dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2011. Depuis lors, le signal de la chaîne est coupé. Conséquence du chaos qui règne dans la capitale économique ivoirienne, aucun journal n'a été publié ni distribué ce 1er avril 2011. La situation que vit le pays donne lieu à une série de rumeurs, de contre-informations et de déclarations propagandistes. Le 1er avril, à 5 heures du matin, le blog de Laurent Gbagbo publiait la brève suivante : "Gbagbo apparaît sur la RTI, en forme. Au moment où des rumeurs folles entretenues par les terroristes de Ouattara annoncent le pouvoir d'Abidjan à terre, les ivoiriens ont découvert hier, en sa résidence grâce à la RTI, le Président de la République, Laurent Gbagbo. Tout décontracté, le chef de l'Etat était entouré de ses collaborateurs, connaissances et des membres de sa famille. Le président échangeait dans la bonne humeur avec les uns et les autres. Alors que la presse dite internationale se délectait de catastrophisme sur son pouvoir." Le 31 mars, tôt le matin, les portes de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca) ont été ouvertes, entraînant la libération des détenus. Parmi eux figuraient les deux journalistes de Télé Notre Patrie (TVNP), Abou Sanogo et Gnahoré Charly . Ce dernier a déclaré : "Je suis sorti de la Maca depuis 7 h 50 (locales et GMT, 9 h 50 à Paris). Tous les prisonniers de la Maca sont sortis aussi" (...) "Nous étions dans nos cellules quand nous avons entendu des tirs vers 6 h 30 (locales). Les tirs ont duré jusqu'à 7 h 10. Après, nous avons entendu des cris de joie. Nous sommes descendus et là on a vu que les portes de la prison étaient ouvertes. On ne s'est pas posé de question, on est sorti". "Depuis hier (mercredi) soir, il n'y avait plus de garde à la prison. Une fois dehors, ce sont les éléments du 'commando invisible' que nous avons vus, pas de FDS (Forces de défense et de sécurité, loyales au président sortant Laurent Gbagbo) dans les alentours". Photo : AFP
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Updated on 20.01.2016