Le blogueur Roger Shuler forcé de retirer ses articles afin de sortir de prison

Roger Shuler a obtenu une mise en liberté sous condition le 26 mars 2014, après 5 mois de détention. Le blogueur, avait été arrêté pour “outrage au tribunal” car il avait refusé de retirer de son blog Legal Schnauzer un article jugé diffamatoire contre le fils d’un ancien gouverneur de l’ État de l’Alabama. Ne supportant pas ses conditions d’emprisonnement, il a fini par demander à sa femme Carol Shuler de supprimer l’article en question. Toutefois, sa libération ne sera définitive que si la cour juge que toute matière diffamatoire a été retirée. “Roger Shuler s’est plié à la demande du juge par souci pour sa santé. Les charges retenues contre lui demeurent néanmoins de la censure préalable. Il est inacceptable que le blogueur ait dû renoncer à sa liberté d’informer au prix de sa liberté physique. Cette décision de justice, jugée inconstitutionnelle par certains spécialistes, comme l’organisation Reporters Committee for Freedom of the Press, est une aberration de plus dans le pays du Premier Amendement. Nous demandons que l’interdiction de publier appliquée contre Roger Schuler soit immédiatement levée, ainsi que son inconditionnelle libération,” déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amérique de Reporters sans frontières. ___________ 14.11.2013: Un blogueur emprisonné pour “diffamation” après censure préalable Reporters sans frontières condamne la détention de Roger Shuler, incarcéré depuis trois semaines sans possibilité de contester les charges retenues contre lui. Le blogueur a été brutalisé par la police et arrêté devant son domicile de l’État d’Alabama (Sud), le 23 octobre 2013. Le journaliste est poursuivi en justice pour diffamation après avoir posté un article concernant un avocat proche du Parti républicain. Roger Shuler avait déjà été frappé d’une ordonnance de non-communication (restraining order) lui interdisant de publier à nouveau sur le sujet. Ignorant cette censure préalable (prior restraint), il est maintenant accusé d’“outrage au tribunal” et de “résistance à une arrestation”. Initialement programmée le 7 novembre dernier, la comparaison de Roger Shuler devant le juge est prévue aujourd’hui 14 novembre 2013. “Roger Shuler n’ayant pas reçu de convocation officielle à l’issue de son arrestation, nous demandons sa libération immédiate de la levée de toutes les charges retenues contre lui. Sans s’opposer en soi au droit de poursuite pour ‘diffamation’, Reporters sans frontières rappelle que l’imposition de restrictions préalables de publication, assimilable à de la censure, a été jugée inconstitutionnelle par la Cour Suprême des Etats-Unis. Roger Shuler n’a pas pu commettre ‘d’outrage au tribunal’ puisque l’injonction préliminaire émise par le juge était illégale”, déclare l’organisation. Ancien journaliste du quotidien Birmingham Post Herald, Roger Shuler est connu pour son blog d’investigation sur les scandales de corruption impliquant des officiels de l’État d’Alabama. Certains articles lui ont valu des intimidations dans le passé, surtout au travers de commentaires anonymes répliquant à ses post. Dans un article du 2 juillet 2013, le journaliste révèle une liaison extraconjugale qu’aurait eu l’avocat Robert Riley Jr., fils de l’ancien gouverneur républicain Bob Riley, avec la lobbyiste Liberty Duke. Il pointe notamment le fait que le Robert Riley Jr. aurait payée la lobbyiste pour qu’elle se soumette à une interruption volontaire de grossesse, alors qu’il s’est officiellement prononcé contre l’avortement. Robert Riley Jr. et Liberty Duke poursuivent Roger Shuler, sa femme Carol Shuler et leur blog Legal Shnauzer en justice pour ‘diffamation’. Le Reporters Committee for Freedom of the Press souligne que, lors de la première audience, en plus de condamner Roger Shuler à une restriction préalable, le juge a placé sous scellé l’ensemble des documents officiels liés à l’affaire, limitant fortement la transparence du procès. Roger Shuler a posté une partie de ces documents sur son blog, et a continué de publier des articles sur Robert Riley Jr. et Liberty Duke. Selon Carol Shuler, la deuxième convocation de son mari ne s’est pas déroulée en accord avec la loi : quatre sheriffs adjoint l’ont emmené de force, sans aucun document judiciaire, et auraient fait usage de gaz lacrymogène. “Je suis dévastée”, a témoigné Carol Shuler auprès de Reporters sans frontières. “Nous n’avons pas d’avocat pour l’instant, et nous n’avons pas de ressources pour payer l’avocat spécialisé en droit constitutionnel dont nous aurions besoin pour gagner ce procès.” De sérieuses entraves à la liberté de l’information affectent aujourd’hui le pays du Premier amendement. Cette situation se vérifie au niveau fédéral, tant avec des journalistes que des lanceurs d’alerte (whistleblowers). Les États-Unis comptent déjà un journaliste emprisonné.
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Updated on 20.01.2016