Le blogueur des droits des migrants Malcolm Bidali accusé de désinformation

Après quasiment un mois de détention, le blogueur kényan Malcolm Bidali a été libéré par les autorités qataries mais il reste visé par une enquête pour des faits de "désinformation". Reporters sans frontières (RSF) appelle à l'abandon total de ces charges qui pèsent contre lui et déplore que les droits des travailleurs soient un sujet toujours aussi sensible à couvrir au Qatar.

Agent de sécurité de profession, il écrivait sur son quotidien et sur celui des travailleurs immigrés au Qatar. Le blogueur kenyan Malcolm Bidali, connu sous le pseudonyme de “Noaharticulates”, a été libéré le mercredi 2 juin après quasiment un mois de détention.


Il avait été arrêté le 4 mai, dans un dortoir de Doha où il résidait, et ses comptes Twitter et Instagram sont devenus inactifs. Placé à l'isolement, il a été interrogé sans pouvoir être assisté d'un avocat, explique le site spécialisé dans la défense des droits des migrants au Moyen-Orient Migrantsrights.org, pour lequel le blogueur contribuait régulièrement. Après l’avoir détenu au secret pendant plus de trois semaines, les autorités qataries ont finalement révélé le 26 mai les charges officielles qui pesaient contre lui : il est accusé d’avoir reçu des fonds de la part d’un “agent etranger” dans le but de "créer et diffuser de la désinformation". 


Selon Amnesty International, Malcolm Bidali aurait été victime d'une tentative de hameçonnage dans les jours précédant son arrestation : des comptes Twitter se faisant passer pour des organisations de défense des droits humains le mentionnaient et comportaient des liens piégés, ce qui aurait permis aux autorités de l’identifier. Le blogueur dénonçait régulièrement les violations des droits des travailleurs migrants employés sur les différents chantiers lancés par le Qatar en préparation de la Coupe du monde 2022 de football.


L’emprisonnement de Malcolm Bidali montre que le sujet des droits des travailleurs étrangers est toujours aussi sensible au Qatar malgré ce que veulent bien laisser croire les autorités, déplore la responsable du bureau Moyen-Orient de RSF Sabrina Bennoui. Doha doit absolument lever les charges qui pèsent contre le blogueur et permettre à l'ensemble des journalistes de couvrir tous les sujets librement sur son territoire, et non pas seulement les cantonner à la coupe du monde 2022 de football qu’elle organise.


Le Qatar occupe la 128e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Updated on 04.06.2021