"L'amélioration de la liberté de la presse dépend du bon fonctionnement du gouvernement d'union nationale"

A la veille du sommet de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), à Maputo, sur la situation au Zimbabwe, Reporters sans frontières a adressé une lettre à Tomaz Salomao, secrétaire exécutif de la SADC. Préoccupée par les conséquences négatives que la crise au sein du gouvernement entraîne sur les conditions de travail des journalistes et le retour de la presse indépendante, l'organisation demande à la SADC et aux dirigeants du Mozambique, du Swaziland et de la Zambie de ne ménager aucun effort pour aider le gouvernement zimbabwéen à sortir de la paralysie. Monsieur Tomaz Salomao
Secrétaire exécutif
Communauté de développement d'Afrique australe
Gaborone – Botswana Paris, le 4 novembre 2009 Monsieur le Secrétaire exécutif, A la veille du sommet de la SADC que vous présiderez, à Maputo, sur la situation au Zimbabwe, Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite attirer votre attention sur les conséquences dramatiques pour le travail des médias que pourrait avoir un blocage politique dans ce pays. Le regain de tension observé depuis trois semaines entre le ZANU-PF du président Robert Mugabe et le Movement for Democratic Change (MDC) de Morgan Tsvangirai a déjà eu des retombées négatives sur l'état de la liberté de la presse et fait peser le risque de graves retours en arrière. Le 20 octobre dernier, en marge du premier Conseil des ministres boycotté par le chef du gouvernement, une équipe de la chaîne Al-Jazeera a été détenue pendant plusieurs heures à la présidence. Trois jours plus tard, la Zimbabwe Broadcasting Corporation et plusieurs journaux d'Etat ont reçu l'ordre, de la part du ministre des Médias, de l'Information et de la Communication, Webster Shamu, de ne plus couvrir l'activité des ministres issus du MDC. Enfin, de nouvelles arrestations de membres de la société civile font peser sur la communauté des journalistes un climat de peur. Par ailleurs, le Zimbabwe Media Council (ZMC), organisme chargé de délivrer aux journaux leurs licences et ainsi de permettre à la presse indépendante de renaître, est actuellement dans l'impossiblité de fonctionner. Certaines sources affirment que le Président et le Premier ministre s'étaient accordés, après de longues et délicates tractations, sur les noms des neuf commissaires appelés à siéger au ZMC. Mais ces derniers n'ont toujours pas été nommés et risquent de ne pas l'être si la crise au sein du gouvernement venait à perdurer. L'amélioration des conditions de travail des journalistes et le retour de la presse indépendante au Zimbabwe dépendent donc fortement du bon fonctionnement du gouvernement d'union nationale. Etant donné la crispation actuelle entre les deux parties, nous estimons que la médiation régionale et le rôle de la SADC seront décisifs. Aussi nous vous demandons, ainsi qu'aux dirigeants du Mozambique, du Swaziland et de la Zambie, de ne ménager aucun effort pour aider à sortir ce gouvernement de la paralysie. Convaincu que vous prendrez en compte notre requête, je vous prie d'agréer, Monsieur le Secrétaire exécutif, l'assurance de ma parfaite considération. Jean-François Julliard
Secrétaire général
Publié le
Updated on 20.01.2016