La santé des journalistes iraniens emprisonnés négligée par les autorités

Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète au plus haut point des conditions de détention des journalistes et journalistes-citoyens, malades ou en grève de faim. Les situations de Soheil Arabi, Mehdi Khazali et Ehssan Mazndarani sont particulièrement préoccupantes.

Pour protester contre leurs conditions d’emprisonnement et les maltraitances dont ils font l’objet ou tout simplement pour être soignés dignement, de plus en en plus des prisonniers iraniens et notamment des journalistes ont recours à la grève de la faim, au risque d’y laisser leur vie.


Cela fait 25 jours que le journaliste-citoyen Soheil Arabi, emprisonné depuis le 27 décembre 2013 a entamé une grève de faim pour protester contre le harcèlement et les menaces des services de renseignement des Gardiens de la révolution dont sa femme est victime. Suite à une perquisition, son épouse Nastaran Naîmi a été arrêtée à son domicile par des agents en civil. Elle a été libérée huit jours plus tard mais les agents des services renseignement n’ont pas cessé de la harceler et de la menacer. A la demande des services de renseignement des Gardiens de la révolution, elle a été licenciée. Selon sa famille, Soheil Arabi a complètement arrêté de s'alimenter depuis le 23 septembre 2017 et se trouve aujourd’hui dans un état critique.


Arrêté dans la rue par les hommes en civil à Téhéran le 12 août dernier, Mehdi Khazali, animateur du blog Baran a, selon sa famille, commencé une grève de la faim dès son premier jour d’incarcération,. Un mois plus tard, le procureur de Téhéran a démenti cette information et a déclaré que « contrairement à ce que racontent les médias ennemis à l'étranger, il n'est pas en grève de faim, il va bien et sa famille l'a vu semaine dernière». Une information non confirmée par ses proches. Le journaliste qui avait déjà été condamné en 2011 à 14 ans de prison avait, ces derniers mois, ouvertement critiqué le chef du pouvoir judiciaire.


En dépit de l’existence d’un règlement qui oblige les autorités pénitentiaires iraniennes à dispenser aux prisonniers malades les soins nécessaires, le journaliste du quotidien Farhikhteghan, Ehssan Mazndarani, arrêté le 2 novembre 2015, se trouve toujours derrière les barreaux bien que son état de santé se soit considérablement dégradé. Sa famille est particulièrement inquiète: ces derniers temps, Ehssan Mazndarani ne pouvait même plus avaler d'eau. L'administration pénitentiaire refuse pourtant de le transférer pour lui permettre d’être examiné par des médecins légistes.


RSF rappelle aux autorités iraniennes qu’elles se sont elles mêmes engagées à respecter des lois et des règlements qu’elles ont édictés* ainsi que les normes internationales** qui figurent dans la Déclaration universelle des Droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont l’Iran est signataire.


L’Iran est classé 165e sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2017 de Reporters sans frontières.


*Le règlement intérieur des prisons en Iran, mis en place par l’instance juridique en charge de la gestion des lieux de détention, oblige les autorités pénitentiaires à dispenser aux prisonniers malades les soins nécessaires. Les articles 102 et 103 de ce règlement précisent notamment que “la visite mensuelle est obligatoire dans la clinique de la prison” et que “si nécessaire, le détenu doit être transféré de toute urgence de la prison vers l’hôpital”. Ce même règlement stipule que le juge est également responsable de la sécurité et de la santé des prisonniers atteints de maladie grave et incurable.

**En vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques - auquel l’Iran a adhéré -, la privation de soins médicaux peut constituer une violation de l’interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants.

Publié le
Mise à jour le 27.09.2017