La RTNC/Kisangani toujours l'objet de pressions

Alimasi Mayanga, directeur de la station locale de la RTNC à Kisangani, a été à son tour suspendu le 18 août par Hery Mambo Adjugujambe, coordonnateur des médias publics dans les territoires sous contrôle du RCD. Signée le 8 août, cette décision n'a été rendue publique que dix jours plus tard. Officiellement, Alimasi Mayanga a été sanctionné pour "insoumission caractérisée". Il lui est reproché de ne pas avoir envoyé des rapports administratifs mensuels à la coordination de la RTNC à Goma et d'avoir supprimé certaines émissions de la grille des programmes, sans plus de précisions. Le directeur a cependant refusé d'obtempérer et continue pour l'instant de travailler dans ses bureaux de la RTNC. Etienne Bwande Bwanapua, responsable des programmes, a quant à lui été rétabli dans ses fonctions, le 9 août, sur décision du gouverneur de la province orientale. Trois jours plus tôt, il avait été suspendu, suite à des pressions de membres du RCD. ------------------------------------- 12.08.2003 Suspension d'un responsable des programmes de la RTNC/Kisangani, suite aux pressions du RCD Etienne Bwande Bwanapua, responsable des programmes de la station locale de la chaîne publique RTNC (Radiotélévision nationale congolaise) à Kisangani (chef-lieu de la province orientale), a été suspendu de ses fonctions, le 6 août 2003, par le directeur provincial de la station, Alimasi Mayanga. Il lui est reproché d'avoir supprimé de la grille des programmes "Vers un Congo nouveau" et "RCD et nous", deux émissions de propagande de l'ex-mouvement rebelle du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). "Nous vous demandons instamment de faire tout ce qui est en votre pouvoir afin qu'Etienne Bwande Bwanapua soit rétabli dans ses fonctions. Sa suspension intervient en totale violation de la liberté éditoriale dont dispose un média de choisir le contenu de ses programmes", a écrit Reporters sans frontières dans un courrier adressé à Azarias Ruberwa, vice-président de la République et leader du RCD. L'organisation a également exprimé sa préoccupation devant l'incertitude régnant dans le nord-est du pays, où le RCD continue d'exercer son autorité de fait et persiste à vouloir utiliser la RTNC/Kisangani comme son instrument de propagande. "Nous vous appelons à prendre toutes les mesures nécessaires pour que soit effectivement garanti le libre exercice de la liberté de la presse, telle qu'elle est consacrée dans la Constitution de la transition. Le RCD, dorénavant devenu parti politique, doit respecter les règles de la transition et ne plus s'ingérer dans la gestion de la radiotélévision", a insisté l'organisation. La suspension des émissions de propagande du RCD a été décidée lors d'une réunion du comité de direction de la RTNC/Kisangani, qui s'est tenue la semaine du 28 juillet. L'instauration d'un gouvernement d'union nationale, comprenant des membres de tous les mouvement rebelles, dont le RCD/Goma, ne justifiait plus de consacrer des émissions dédiées exclusivement à l'ex-mouvement rebelle, dorénavant devenu parti politique. Mais le 5 août, le directeur de la station, Alimasi Mayanga, est convoqué par le vice-gouverneur de la province, Floribert Asiane, qui le menace de révocation si les émissions sur le RCD ne sont pas reprises et lui fait comprendre que c'est encore le RCD qui détient le pouvoir à Kisangani. Il reçoit également une demande d'explication de la part de Jean-Pierre Bilusa, gouverneur de la province orientale. A ces pressions, s'ajoutent des menaces anonymes par téléphone depuis le 2 août. De fait, la RTNC/Kisangani reprend à partir du 5 août ses émissions de propagande consacrées au RCD. Le lendemain, le responsable des programmes est suspendu pour une durée indéterminée. Devant la pression des médias privés, le gouverneur envoie, le 8 août, un ordre au directeur de la RTNC/Kisangani pour qu'Etienne Bwande Bwanapua soit réhabilité dans ses fonctions. Mais de son côté, Jean-Pierre Lola Kisanga, secrétaire chargé de la communication du RCD, clame son opposition à une telle mesure et conteste la possibilité pour l'autorité provinciale de casser une sanction prise par l'autorité centrale. La suspension du journaliste est donc maintenue pour des raisons politiques.
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Updated on 20.01.2016