La justice interdit l'évocation du dialogue Iran-Etats Unis dans la presse

Reporters sans frontières proteste contre une interdiction promulguée samedi 25 mai par la justice portant sur la publication d'articles évoquant les relations irano-américaines. "Cette censure imposée sur le thème des relations irano-américaines viole la liberté d'expression des journalistes, le droit des Iraniens à être informés et démontre que la politique étrangère demeure la prérogative du Guide Suprême, l'Ayatollah Ali Khamenei, qui a la haute main sur le système judiciaire", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation dans une lettre adressée au chef de la magistrature iranienne, l'ayatollah Sharoudi. "Dépourvue de base légale, cette interdiction intervient alors que plusieurs publications et journalistes sont aux prises avec la justice. Nous demandons que cette interdiction inique soit levée immédiatement", a-t-il ajouté. L'interdiction judiciaire du 25 mai à évoquer les relations irano-américaines intervient au moment où le principal quotidien réformateur, Nowrooz, a révélé que des contacts officieux entre responsables iraniens et américains de haut niveau auraient eu lieu à Nicosie ou à Ankara ces derniers mois. Alors que les relations avec les Etats-Unis font l'objet de vives dissensions au sein du régime, et sur fond de lutte antiterroriste menée par les Etats-Unis dans la région, la justice a qualifié le 25 mai de "délit", "contraire aux intérêts nationaux", le simple fait d'aborder le sujet. Du côté des réformateurs, plusieurs personnalités s'offusquent de l'illégalité de cette interdiction. Le directeur du quotidien Nowrooz, Mohsen Mirdamadi, dont les écrits lui valent d'être déjà poursuivi en justice, s'est élevé contre cette restriction du débat politique. M. Mirdamadi, également député réformateur et proche du président Mohammad Khatami, estime que si des discussions ont lieu entre l'Iran et les Etats-Unis il faut que celles-ci se tiennent "au grand jour" et non pas secrètement. Reporters sans frontières rappelle qu'à ce jour onze journalistes sont incarcérés en Iran et que la justice, dominée par les conservateurs, a suspendu 28 quotidiens en deux ans.
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Updated on 20.01.2016