La couverture médiatique de la “trahison” de Jang Song-thaek, une opération de dissuasion massive ?

La couverture médiatique inhabituelle de l’exécution de l’oncle de Kim Jong-Un, Jang Song-thaek, le 12 décembre 2013, inquiète Reporters sans frontières. Le 9 décembre 2013, les médias de propagande nord-coréens ont procédé à la suppression de toutes ses apparitions filmées ou photographiées, comme si ce dernier n’avait jamais existé. Dans les jours qui ont suivi, une couverture détaillée de l’arrestation, de la condamnation et de l’exécution a été mise en oeuvre dans la presse écrite et audiovisuelle, en coréen et en anglais. “Une telle manipulation de l’information, bien qu’attendue de la part de l’une des pires dictatures au monde, est inquiétante. La couverture extensive, voire théâtralisée, de cette exécution, qui coïncide avec la célébration sur-médiatisée des deux ans de la mort de Kim Jong-il, apparait comme un message dissuasif adressé à l’ensemble de la population coréenne et à la communauté internationale. Cette propagande souligne la sévérité du régime, qui n’hésite pas à exécuter l’un des plus hauts cadres du Parti, un général quatre étoiles et oncle de l’actuel dirigeant, Kim Jong-un. Ue telle ambiance de terreur ne peut que peser sur le peu de liberté de l’information, qui reste dans un pays aussi surveillé”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 9 décembre dernier, les médias d’Etat ont révélé en détail l’arrestation et les accusations à l’encontre de Jang Song-thaek. Dans les heures qui ont précédé l’annonce, l’Agence centrale d’information nord-coréenne (Korean Central News Agency, KCNA) a pris soin de supprimer l’image de l’oncle déchu de Kim Jong-un. A cinq heures du matin, les principaux rapports faisant figurer Jang Song-thaek auraient été supprimés quelques heures, avant de réapparaître. Rodong Sinmun le quotidien officiel du comité central du Parti et Uriminzokkiri, site internet hébergé en Chine et destiné à diffuser la propagande du Parti à l’étranger, ont supprimé la quasi totalité des articles mentionnant Jang Song-thaek, soit près de 20 000 occurrences pour Rodong Sinmun. Un documentaire télévisé a également été remonté pour faire disparaître l’accusé. Les archives internet de l’agence centrale ont aussi été passées au peigne fin. 35 000 articles ont été supprimés du site de la Korean Central News Agency, de même que 65 000 articles en langues étrangères (anglais, espagnol, chinois et japonais). Les archives de KCNA ne remontent désormais qu’au mois d’octobre 2013. Jang Song-thaek, oncle et mentor de Kim Jong-un a été arrêté au milieu d’une réunion du bureau politique du Parti le 9 décembre dernier. Il a été jugé par un tribunal militaire, qui l’a reconnu coupable de “complot contre l’Etat”. L’ex numéro deux du régime a “avoué ses crimes”, avant d’être exécuté, le 12 décembre 2013. Le lendemain, après avoir annoncé la sentence prononcée par le tribunal, KCNA concluait l’affaire d’Etat en ces termes : “La décision a été immédiatement mise à exécution”. La Corée du Nord se situe à la 178ème position sur 179 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières en 2013. Credit photo : AFP / North Korea Tech
Publié le
Updated on 20.01.2016