La blogueuse Razan Ghazzawi remise en liberté

Reporters sans frontières prend note de la libération de la blogueuse Razan Ghazzawi, le 18 décembre 2011, contre une caution de 15 000 livres syriennes (environ 300 dollars), deux semaines après son arrestation. “Nous nous réjouissons de cette libération mais nous appelons le régime syrien à abandonner les charges pesant contre Razan Ghazzawi. Les autorités doivent également libérer au plus vite les journalistes, blogueurs et dissidents emprisonnés pour s’être exprimés librement”, a déclaré l’organisation. La blogueuse est jugée pour “diffusion de fausses informations pouvant porter atteinte au moral de la nation”, “mise en danger du sentiment national et incitation aux dissensions confessionnelles”, et “création d’une organisation visant à modifier le statut économique et social de l’Etat”, des charges passibles de trois à quinze ans de prison. La date de la prochaine audience de son procès est à ce jour inconnue. -------------- La blogueuse Razan Ghazzawi risque la prison ferme
13.12.2011
Reporters sans frontières souhaite exprimer sa profonde inquiétude sur le sort de la blogueuse Razan Ghazzawi, qui a comparu le 13 décembre 2011 devant un tribunal syrien. Selon son avocat, elle risque entre trois et quinze ans de prison pour trois chefs d’accusation criminels : “diffusion de fausses informations pouvant porter atteinte au moral de la nation”, “mise en danger du sentiment national et incitation aux dissensions confessionnelles”, et “création d’une organisation secrète visant à modifier le statut économique et social de l'Etat”, pour son appartenance présumée à un comité organisant des manifestations pro-démocratie. Elle est également accusée de violation de l’article 335 du Code pénal, pour avoir participé à une “manifestation séditieuse”. Reporters sans frontières appelle les autorités à la libérer sans conditions et à abandonner toutes les charges pesant contre elle. Le régime doit également mettre un terme à la répression des blogueurs et des journalistes. Quelques-uns ont été libérés, mais beaucoup restent traduits en justice pour des chefs d’accusation graves. Le régime syrien maintient ainsi une forte pression sur les professionnels de l’information et les net-citoyens. La blogueuse avait été arrêtée le 4 décembre 2011 à la frontière syro-jordanienne, alors qu’elle se rendait à un forum sur la défense de la liberté des médias, à Amman. Un groupe Facebook, ainsi qu’une pétition sont accessibles en ligne pour soutenir Razan Ghazzawi. Vous pouvez également manifester votre soutien en relayant le hashtag #FreeRazan sur Twitter. ------------- Les récentes libérations ne mettent pas fin à la répression: une des figures de la blogosphère syrienne est arrêtée
05.12.2011
Reporters sans frontières condamne fermement l’arrestation de la blogueuse Razan Ghazzawi, le 4 décembre 2011 à la frontière syro-jordanienne, alors qu’elle se rendait à Amman. Depuis 2009, Razan Ghazzawi anime le blog Razaniyat sur lequel elle défend la liberté d’expression et les droits des homosexuels. Elle est par ailleurs la coordinatrice du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, qu’elle devait représenter au Forum pour la défense de la liberté d’information dans le monde arabe, à Amman. Selon plusieurs médias, Razan Ghazzawi aurait inspiré le faux blog “A gay girl in Damascus” Son dernier billet, publié le 1er décembre dernier, concernait la libération du blogueur Hossein Ghoureir, enlevé le 24 octobre 2011 par les forces de sécurité syriennes. Le 3 décembre, des professionnels de l’information et des personnalités du monde artistique et culturel ont été présentés devant le tribunal: Nidal Hassan (réalisateur), Reem Ghazzi (réalisatrice et journaliste), Jehad Jamal (blogueur plus connu sous le pseudonyme de “Milan”), Manal Janabi (militant), Mohamed Fawzi Karam. Par ailleurs, Reporters sans frontières a appris la libération de cinq journalistes et blogueurs le 30 novembre dernier : Rudy Osman et Assem Hamchou (blogueurs arrêtés en août), Hanadi Zahlout (arrêtée le 4 août pour la troisième fois), Omar al As’ad (journaliste freelance), Malak Al-Shanawani (blogueuse). Ces libérations interviennent quelques jours avant Aïd Al-Adhha, et dans le cadre de la libération de plus de 900 prisonniers dont des activistes et opposants au régime syrien. Le blogueur Hossein Ghoureir a été libéré le 1er décembre. En outre, des rumeurs au sujet de la mort de l’écrivain et ancien rédacteur en chef de la revue Al-Adiyat, Mohamed Jamal Tahan, circulent sur la Toile. Selon certains, il serait mort en détention suite à des complications liées à un cancer en état avancé. Cette version a été cependant démentie par des commentaires publiés le 2 décembre sur une page de Facebook en soutien du journaliste. On est sans nouvelles de lui depuis son arrestation à son domicile à Alep, en septembre dernier, par les services de renseignements des forces aériennes, alors même qu’il était gravement malade. Le journaliste du quotidien privé pro-gouvernemental Al-Watan, Mohamed Amin, a annoncé sa démission, le 4 décembre depuis Le Caire, affirmant ne pouvoir continuer à travailler pour un journal qui “reproduit le discours officiel”. Le journal a par ailleurs été la victime de la nouvelle série de sanctions imposées par l’Union européenne le 2 décembre dernier, à l’encontre de plusieurs institutions et personnalités publiques syriennes. Parallèlement, Bashar Al-Assad a instauré, le 3 décembre 2011, par décret, un Conseil national de l’information. Il aura pour objectif de réguler les médias de l’audiovisuel et la Toile. La création de cet organe, au moment où plusieurs journalistes et blogueurs sont privés de leur liberté ne fait que souligner le jeu macabre et schyzophrénique des autorités syriennes envers tous ceux qui font oeuvre d’informer, dans un pays où l’information peut coûter la vie. Liste non-exhaustive des journalistes et blogueurs détenus: Qaïs Abatili, très actif sur Internet, arrêté le 25 septembre 2011. Nizar Al-Baba, militant sur la Toile, détenu depuis le 21 septembre 2011. Jehad Jamal, blogueur plus connu sous le pseudonyme de “Milan”, arrêté le 8 août 2011 puis le 14 octobre dernier. Nizar Adleh, journaliste collaborant pour de nombreux sites Internet, détenu depuis le 6 septembre 2011. Miraal Brourda, écrivain et poète qui collabore à de nombreux sites Internet. Ahmed Bilal, réalisateur pour la chaîne Falesteen, arrêté à Mo’adamieh dans la banlieue de Damas le 13 septembre 2011. Amer Matar, journaliste pour le quotidien Al-Hayat, arrêté le 4 septembre 2011 (seconde arrestation). Alwan Zouaiter, journaliste, a collaboré pour de nombreux quotidiens libanais. Il avait été arrêté par les services de renseignements dans la ville de Raqqa, lors de son retour de Libye. Suite à une condamnation initiale à 5 ans de prison, accusé d’avoir contacté l’opposition syrienne, sa peine a été allégée à 13 mois de prison ferme. Omar Abdel Salam, Abd Qabani, net-citoyen arrêté le 8 août 2011. Ammar Sa’ib, net-citoyen arrêté le 1er août 2011 à Damas. Mohamed Jamal Tahan, membre de la Ligue des écrivains arabes et du Syndicat des journalistes, signataire de l’ “Appel d’Alep pour la nation”, arrêté le 20 juillet 2011. Abd Al-Majid Tamer et Mahmoud Asem Al-Mohamed, journalistes indépendants travaillant pour des sites d’information kurdes, arrêtés par les forces de sécurité le 31 mai 2011. Manaf Al Zeitoun, arrêté le 25 mars 2011. L’organisation reste sans nouvelles de lui depuis. Sami Al-Halabi, aurait, selon certaines sources, été relâché depuis le 17 août 2011. Zouheir Al-Mihsan, collaborateur pour le quotidien Al-Kassioun, aurait été arrêté le 16 mars 2011 et remis en liberté le 6 octobre. Le 1er décembre dernier, Reporters sans frontières a publié un rapport intitulé « Révoltes arabes : les médias, témoins clés et enjeux du pouvoir », dans lequel elle analyse les méthodes utilisées par les autorités pour empêcher la circulation de l’information au cours de six soulèvements populaires du 17 décembre 2010 à la mi-novembre 2011. Un chapitre est consacré à la Syrie. L’organisation exige des autorités syriennes la libération de tous les journalistes et blogueurs qui n’ont commis de crimes que celui d’informer.
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Updated on 20.01.2016