Kurdistan irakien : un journaliste emprisonné pour diffamation envers le président
A la suite de l’emprisonnement d’un journaliste kurde irakien accusé de diffamation envers le président Barham Saleh, Reporters sans frontières (RSF) appelle à sa libération immédiate et inconditionnelle.
Les autorités irakiennes ont arrêté ce 22 septembre à Souleymanieh, dans l’est de la région autonome du Kurdistan, le journaliste Bahroz Jafar du site internet indépendant Peyser Press. Il est actuellement en détention provisoire, après avoir été accusé de diffamation contre le président irakien Barham Saleh, fondateur de la Coalition pour la démocratie et la justice, une alliance d’opposition au parti influent à Souleymanieh, l’Union patriotique du Kurdistan (UPK).
Son arrestation fait suite à une plainte déposée par l’avocat du chef de l’Etat après la publication d’un éditorial signé par le journaliste le 29 août dernier qui critiquait le président. Dans cet article, intitulé “Combien de temps encore le président fera-t-il fausse route ?”, Bahroz Jafar s’adressait directement au président, un Kurde d’origine, lui reprochant son manque de soutien au Kurdistan.
“Déposer plainte et envoyer en prison un journaliste pour un article critique envers le président est une pratique digne des régimes les plus autoritaires, déplore la responsable du bureau Moyen-Orient à RSF, Sabrina Bennoui. Au nom des idéaux que cherche à incarner la Coalition pour la démocratie et la justice fondée par le président irakien, nous appelons à la libération immédiate et sans condition de Bahroz Jafar, qui n’a fait qu’exercer son droit à informer”.
Selon l’ONG locale Metro Center, il encourt une peine d’un an de prison ainsi qu’une amende de 100 dinars irakien pour “diffamation criminelle”.
Directeur du Mediterranean Institute for Regional Studies (MIRS), Bahroz Jafar avait publié en décembre 2019 un article sous le titre “Qui est vraiment Barham Saleh ?” dans lequel il analysait les évolutions de la démocratie en Irak et dénonçait la corruption d’Etat.
L’Irak occupe la 162e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF.