Israël-Palestine : quatre ans de "marche du retour", quatre ans de violences contre les journalistes

Ce 25 avril marque l’anniversaire de la mort du journaliste palestinien Ahmed Abu Hussein, visé par balle par un soldat israélien dans la bande de Gaza pendant la “marche du retour” lancée fin mars 2018. Quatre ans plus tard, alors que le mouvement a été reconduit tous les vendredis, RSF a recensé plus de 140 journalistes victimes de violations de la part des forces de l’ordre israéliennes. 

 

Le 25 avril 2018, le journaliste palestinien Ahmed Abu Hussein succombait à ses blessures dans la bande de Gaza. Un soldat israélien l’avait visé par balle. Un autre journaliste, Yasser Mortaja, était mort sur le coup de la même manière. Ces deux journalistes couvraient la “marche du retour”, un mouvement de protestation civile lancé le 30 mars 2018 dans la bande de Gaza pour dénoncer le blocus israélien et réclamer le “droit au retour” des réfugiés palestiniens. Depuis, les manifestations se sont tenues tous les vendredis, et même en Cisjordanie, systématiquement couvertes par les journalistes sur le terrain. 

 

Selon un décompte de RSF, en quatre ans de “marche du retour”, au moins 144 journalistes palestiniens ont été victimes de violations de la part des forces de l’ordre israéliennes dans la bande de Gaza, à Jérusalem-Est et en Cisjordanie : tirs de gaz lacrymogènes, tirs à balles réelles, balles en caoutchouc, coups de bâton, grenades assourdissantes... 

 

Parmi eux, plusieurs ont été grièvement blessés : Youssef al-Kronz, un photographe indépendant touché dans la bande de Gaza dès le lancement de la marche. Il a dû être amputé d’une partie de sa jambe gauche. Deux journalistes ont aussi partiellement ou totalement perdu l’usage de leur œil : le 19 octobre 2018, le journaliste Yahya Khalid de l’agence Palestine Today News, a reçu des éclats de balle qui ont endommagé son œil gauche. Le 13 juillet 2019, Sami Misran (Al-Aqsa TV) est devenu aveugle de l'œil gauche après avoir reçu un éclat de balle lui aussi. Le 30 août 2019, le journaliste Ali Jadallah, de l’agence de presse turque Anadolu, a été sérieusement touché à la tête par une balle en caoutchouc. C’était la troisième fois qu’il était ciblé depuis le début de la marche. 

 

Après quatre années à couvrir inlassablement la marche du retour tous les vendredis, les journalistes palestiniens continuent de prendre de sérieux risques, déclare le bureau Moyen-Orient de RSF. Ces reporters se retrouvent pris de plein fouet dans la répression des forces de l’ordre contre les manifestants et se retrouvent eux-mêmes blessés, souvent délibérément, alors qu’ils ne font qu’exercer leur métier de rapporter l’information.

 

En 2018, RSF avait saisi la Cour pénale internationale pour “crimes de guerre” après la mort des deux reporters dans la bande de Gaza et les multiples cas de blessures. En mars 2021, la procureure de l’époque, Fatou Bensouda, avait conclu qu’il existait suffisamment d’éléments pour ouvrir officiellement une enquête sans suite à ce jour.

 

Outre les violences physiques commises par les forces de l’ordre israéliennes lors des manifestations du vendredi, RSF a également noté deux pics de violence contre les journalistes palestiniens : l’offensive militaire de mai 2021 dans la bande de Gaza consécutive aux expulsions de résidents palestiniens de Sheikh Jarrah (Jérusalem-Est), ainsi que l’actuelle vague de tensions liées au mois de ramadan et aux affrontements sur l’Esplanade des mosquées à Jérusalem-Est.



Israël et la Palestine occupent respectivement la 86e et la 132e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

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