Israël : 13 journalistes palestiniens désormais emprisonnés

Deux journalistes palestiniens ont été interpellés ce jeudi à Jérusalem par les forces de sécurité israéliennes et placés en détention administrative ce vendredi. Ils rejoignent leurs onze confrères emprisonnés depuis plusieurs mois. Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’usage abusif du régime de détention administrative à l'égard des journalistes palestiniens.

Une vidéo montrant une équipe de deux journalistes palestiniens de la chaîne Alkofiya TV arrêtés à Jérusalem par les forces de sécurité israéliennes a suscité, ce jeudi 27 mai, l’indignation des organisations locales. On y voit la reporter Zaina Halawani et son caméraman Wahbi Mikeh conduits par des agents de police hors du quartier Sheikh Jarrah, où ils couvraient les tensions avec des habitants menacés d'expulsion et des riverains. La justice a décidé, ce vendredi, de les placer en détention administrative pour cinq jours. 


Une semaine auparavant, le 21 mai, la détention administrative d’un autre journaliste palestinien, Hazem Nasser, photographe pour la chaine Alghad TV, a été prolongée de onze jours par la justice israélienne. Le journaliste avait été arrêté le 12 mai alors qu’il se trouvait à un checkpoint israélien à l'entrée de la ville de Tulkarm, en Cisjordanie. Il revenait de Naplouse, située à 40 km, où il avait filmé des affrontements entre l’armée israélienne et des résidents palestiniens. Contactée par RSF, la famille du journaliste dit ignorer les charges qui pèsent contre lui. 


Le jour même de son arrestation, les autorités israéliennes ont également arrêté son confrère Ahmad Azaizeh, blogueur et journaliste indépendant (notamment pour le site d’informations local Bokra.net), à son domicile situé à Nazareth, dans le nord d'Israël. Lui-même avait couvert des affrontements entre citoyens palestiniens et forces de l’ordre israéliennes, cette fois à Jérusalem. Accusé d'”incitation à la haine”, il a été placé en détention administrative, prolongée une première fois jusqu’au 17 mai. Mais,  depuis cette date, le journaliste n’a toujours pas été libéré.. 


Le recours répété à la détention administrative dispense les autorités israéliennes de fournir des charges et leur permet de reconduire la détention indéfiniment, ce qui est insupportable, dénonce la responsable du bureau Moyen-Orient, Sabrina Bennoui. Les journalistes palestiniens ne font que leur travail et ne doivent en aucun cas être traités comme des coupables présumés.


Au total, selon un décompte de RSF, au moins treize journalistes palestiniens demeurent détenus par les autorités israéliennes. C’est le cas notamment de Alaa Al-Rimawi, correspondant d’Al Jazeera à Ramallah et directeur de l’agence de presse en ligne J-Media, emprisonné le 22 avril sans charges officielles. Dans un premier temps, la justice l’a condamné à trois mois de détention administrative, avant de raccourcir sa peine à 45 jours après que ce dernier a observé une grève de la faim de 16 jours. Par ailleurs, la seule femme journaliste actuellement derrière les barreaux, Bushra Al-Taweel, a vu sa détention administrative prolongée de quatre mois le 7 mars dernier. Elle avait été arrêtée le 8 novembre 2020 sur la route entre Ramallah et Naplouse. Fin juillet, elle avait été libérée après 230 jours d’une précédente détention, toujours sans motif.


Israël occupe la 86e place au Classement mondial de la liberté de la presse 2021 établi par RSF.

Publié le
Updated on 28.05.2021