Iran : 10 personnes liées au journalisme condamnées à un total de plus de 128 ans de prison ferme

Huit collaborateurs d’une plateforme gouvernementale, un citoyen-journaliste et la mère d’un photojournaliste ont été condamnés, en Iran, à des peines dont le cumul atteint plus de 128 ans de prison ferme. Reporters sans frontières (RSF) dénonce des sentences particulièrement sévères et cette nouvelle répression contre la liberté d’information dans le pays.

Le directeur de la plateforme officielle de la république islamique aparat.com, Mohammad Javad Shakori, a été condamné, le 24 octobre dernier, à 12 ans de prison ferme pour la réalisation et la diffusion d’un documentaire d’éducation sexuelle à destination du jeune public, dans laquelle on demandait notamment à des enfants s’ils savaient “comment ils étaient nés”. La 28e chambre du Tribunal de la révolution de Téhéran a accusé le directeur du site et sept de ses employés d’“activité de propagande contre le régime”, de “publication de contenus indécents” et d’“incitation à l'immoralité”. Mohammad Javad Shakori a fait appel. Ses collaborateurs ont chacun été condamnés à 11 ans de prison ferme. En 2009, ce dernier avait été accusé de collaboration avec le régime par des activistes et d’anciens prisonniers, en particulier lors des manifestations de protestation - il aurait dénoncé plusieurs internautes ayant publié des informations sur ces mouvements. Aparat a été créée pour remplacer YouTube, toujours inaccessible dans le pays.


Quelques jours plus tôt, le 20 octobre, c’est la mère du photojournaliste Soheil Arabi, lauréat du prix RSF 2017 dans la catégorie journaliste-citoyen, qui a été condamnée à 18 mois de prison ferme. Farangis Mazloom, est accusée de “réunion et complot contre la sécurité nationale” et “propagande contre le régime”. Elle a fait appel. Selon Farangis Mazloom, son fils vient d’être transféré dans la section “sécurité 2a” de la prison d’Evin, à Téhéran, où il est à l’isolement. RSF a déjà condamné fermement l’acharnement judiciaire contre Soheil Arabi et le chantage exercé par les autorités iraniennes sur les familles de journalistes.


Enfin, l’écrivain et citoyen-journaliste Payman Farhangian a lui été condamné à 38 ans de prison pour « publicité contre le régime » et “création d'un groupe de plus de deux personnes sur Signal pour atteinte à la sécurité nationale”. Selon son avocat, il a fait d’appel de cette décision. Jugé par contumace - Payman Farhangian, qui réside en Iran, n’a tout simplement pas été convoqué à son propre procès - à la fin du mois d’août pour avoir publié, sur son compte Instagram, des textes de soutien et des informations sur le mouvement ouvrier, il avait été arrêté à son domicile, à Kiasharh (nord du pays), avant d’être libéré grâce au versement d’une caution exorbitante en attendant son jugement.


Nous dénonçons des condamnations très lourdes lors de procès inéquitables, qui constituent des violations de la liberté de la presse et d’expression. Ces poursuites sont montées de toutes pièces : en Iran, la justice n’est en rien indépendante ; elle est instrumentalisée par les Gardiens de la révolution et les agents du ministère des Renseignements”, déclare le responsable du bureau Iran-Afghanistan de RSF, Reza Moini.


L’Iran se situe à la 173e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2020 de RSF.

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Mise à jour le 17.11.2020