Irak: un reporter assassiné et un autre tué dans des combats

Reporters sans frontières (RSF) condamne le lâche assassinat d’un journaliste kurde dans la ville de Dohuk, dans le nord-ouest du Kurdistan irakien. Un autre caméraman a lui été tué le lendemain alors qu’il couvrait les combats entre les forces kurdes et le groupe Etat islamique près de Mossoul.

Wedad Hussein Ali, journaliste de 28 ans pour l’agence pro-PKK RojNews, a été assassiné le 13 août 2016 après avoir été enlevé tôt dans la matinée. Selon des médias locaux, son corps retrouvé sur la route vers 12:30 portait des traces de coups qui pourraient suggérer qu’il soit mort sous la torture. Les motifs de son meurtre demeurent inconnus. La police de Dohuk a annoncé l’ouverture d’une enquête. Ce meurtre a également été fermement condamné par le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations Unies pour l'Irak.


Alors que les combats se poursuivent dans l’est de la ville de Mossoul, à 400 km au nord de Bagdad, entre les forces sur le terrain et les membres du groupe Etat islamique, Moustapha Saïd, caméraman de la chaîne satellitaire Kurdistan TV, qui appartient au Parti démocratique du Kurdistan (PDK), a été tué dimanche et le reporter Hayman Nanqli grièvement blessé alors qu’ils couvraient les affrontements aux côtés des forces de sécurité kurdes.


Reporters sans frontières exhorte les autorités à tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur les deux crimes et pour que les auteurs de ces violences soient traduits en justice. “Les journalistes au Kurdistan irakien sont souvent victimes de menaces, de pratiques d’intimidations, d’agressions et d’arrestations arbitraires. Pourtant, peu d’actions sont entreprises afin de leur rendre justice, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation. RSF rappelle qu’une presse libre fait partie des fondamentaux démocratiques et demande aux autorités du Gouvernement régional du Kurdistan (KRG) de déployer les moyens nécessaires afin de protéger le travail des journalistes.”


Des manifestations ont été organisées aujourd’hui à Erbil et dans d’autres villes kurdes pour protester contre l’assassinat de Wedad Hussein Ali. Selon des proches à qui il aurait fait part de ses craintes, ce dernier avait été menacé par les forces de sécurité kurdes, les Asayish, et se sentait suivi par des inconnus.


Le Kurdistan et l’Irak en général se caractérisent par un fort climat d’insécurité pour les professionnels des médias, mais aussi un niveau d’impunité confortable pour les auteurs d’agressions ou de crimes à leur encontre. L’Irak figure à 158e place (sur 180) du Classement 2016 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on 14.09.2016