Hong Kong : RSF dénonce le harcèlement des autorités contre le groupe audiovisuel public RTHK

Reporters sans frontières (RSF) dénonce la récente arrestation d’une productrice de documentaire affiliée au groupe audiovisuel public RTHK, symbole de la liberté de la presse à Hong Kong, et appelle les autorités hongkongaises à mettre fin à leur campagne de harcèlement.

Le 3 novembre, la police a arrêté la productrice indépendante Choy Yuk Ling (également connue sous le nom de Bao Choy) sous l’accusation d'avoir fait de fausses déclarations pour obtenir des informations utilisées dans la production d’un documentaire diffusé sur Radio Television Hong Kong (RTHK). Le documentaire en question mettait l’accent sur l'inaction de la police lors d’une attaque mafieuse visant les manifestants pro-démocratie dans le quartier de Yuen Long l'an dernier. La productrice a été libérée sous caution le même jour et doit être jugée ce mardi 10 novembre.


Cette arrestation s’inscrit dans le cadre d’une véritable campagne d'intimidation menée par le gouvernement à l’encontre du groupe RTHK depuis le début de l’année. En mai, le conseil consultatif de RTHK, un organe nommé par le gouvernement, avait fait scandale en annonçant la création d’un « groupe de travail » censé superviser la gestion et la ligne éditoriale de RTHK et auquel ni la direction, ni les représentants du personnel n’étaient conviés. En juin, les autorités ont accusé l’émission satirique Headliner de se moquer des forces de l’ordre.


« Le harcèlement du groupe audiovisuel public RTHK est emblématique du déclin de la liberté de la presse à Hong Kong, qui s’est accéléré depuis l'adoption il y a quatre mois de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin, rappelle Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de  Reporters sans frontières (RSF). Les autorités hongkongaises se doivent de faire appliquer l’article 27 de la Loi fondamentale qui garantit l’exercice de la liberté de la presse et il n’est pas admissible qu’elles s’acharnent sur RTHK, un média réputé pour la qualité et l’indépendance de ses reportages. »


Selon une enquête publiée par l’Université chinoise de Hong Kong, RTHK reste le média bénéficiant du plus fort capital de confiance aux yeux des hongkongais. Depuis le 30 juin, la région administrative spéciale de Hong Kong est sous le coup d’une loi sur la sécurité nationale qui permet au régime de Pékin d’intervenir directement dans le territoire pour réprimer avec une apparence de légalité tout ce qu’il considère comme relevant du « terrorisme », de la « sécession », de la « sédition » et de l’« interférence étrangère », quatre crimes qui en Chine sont fréquemment instrumentalisés contre les journalistes.


Hong Kong, autrefois un bastion de la liberté de la presse, a chuté du 18e rang en 2002 au 80e rang en 2020 dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse. La République populaire de Chine stagne pour sa part au 177e rang sur 180.

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Mise à jour le 06.11.2020