Hong Kong : RSF dénonce l’arrestation de Jimmy Lai, qui risque la prison à vie en vertu de la loi sur la sécurité nationale
Reporters sans frontières (RSF) réclame la libération de Jimmy Lai, fondateur d’Apple Daily, arrêté aujourd’hui pour « collusion avec des puissances étrangères », une accusation passible de la prison à vie en vertu de la loi sur la sécurité nationale récemment imposée par la régime de Pékin.
Mise à jour : Arrêté le lundi 10 août sous l’accusation de « collusion avec des puissances étrangères » en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin à Hong Kong, Jimmy Lai, fondateur d’Apple Daily, a été libéré sous caution après 40 heures de garde à vue. Reporters sans frontières (RSF) dénonce le harcèlement dont il fait l’objet et appelle à nouveau à l'abandon de toutes les charges qui pèsent sur lui et ses collaborateurs.
Jimmy Lai, 71 ans, le fondateur du quotidien prodémocratie hongkongais Apple Daily, a été arrêté à son domicile dans la matinée du 10 août 2020 sous l’accusation de « collusion avec des puissances étrangères ». Ses deux fils et au moins sept membres de son équipe ont aussi été arrêtés. En vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée le 30 juin par le régime chinois, Jimmy Lai encourt la prison à perpétuité s’il est jugé à Hong Kong et pourrait même en théorie risquer la peine de mort s’il était jugé en République populaire de Chine (RPC), ce que la loi n’exclut pas.
Simultanément, deux cents policiers ont investi la salle de rédaction du quotidien, empêchant les journalistes du groupe d’y accéder. Les forces de l’ordre ont aussi interdit l’accès de l’immeuble à plusieurs grands médias dont les agences de presse Associated Press (AP), Agence France-Presse (AFP) et Reuters, le groupe public hongkongais RTHK et les médias locaux Initium, In-media et Stand News.
« En accusant le fondateur du quotidien Apple Daily de collusion avec un pays étranger, l’exécutif hongkongais cherche à l’évidence à abattre une personnalité symbolique de la liberté de la presse, dénonce Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), qui appelle à « l'abandon de toutes les charges qui pèsent sur Jimmy Lai et ses collaborateurs et à leur libération immédiate ».
Next Digital (anciennement Next Media), la maison-mère d'Apple Daily, est l'un des rares groupes de presse hongkongais à encore oser critiquer ouvertement le régime chinois et a largement couvert les manifestations prodémocratie de l'an dernier. Depuis, Jimmy Lai a été arrêté à deux reprises pour « intimidation » et « organisation et participation à une manifestation non autorisée ». En outre, deux sites internet qui révélaient des informations personnelles sur des journalistes d'Apple Daily à des fins malveillantes, et qui avaient été précédemment fermés, ont fait une brève réapparition début août.
Depuis le 30 juin, la région administrative spéciale de Hong Kong se voit imposer une loi sur la sécurité nationale qui permet au régime de Pékin d’intervenir directement dans le territoire pour réprimer avec une apparence de légalité tout ce qu’il considère comme relevant du « terrorisme », de la « sécession », de la « sédition » et de l’« interférence étrangère ». Sur le continent, la vaste majorité des 115 journalistes actuellement détenus ont été arrêtés ou condamnés sur la base d’accusations de même nature.
Hong Kong, autrefois bastion de la liberté de la presse, a chuté du 18e rang en 2002 au 80e rang en 2020 dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse. La République populaire de Chine stagne pour sa part au 177e rang sur 180.