Hong Kong : le gouvernement doit cesser ses attaques contre l’indépendance du groupe public RTHK
Reporters sans frontières (RSF) appelle le gouvernement hongkongais à cesser ses attaques contre l’indépendance éditoriale du groupe public de radiotélévision RTHK, un média indispensable alors que la liberté de presse recule chaque jour à Hong Kong.
Le 10 juin dernier, le président du conseil consultatif de Radio Television Hong Kong (RTHK), nommé par le gouvernement hongkongais, a publiquement appelé de ses voeux la diffusion d’une série de propagande qui selon lui permettrait aux hongkongais de « comprendre de manière correcte » la très impopulaire loi sur la sécurité nationale. Étrangement, la porte-parole de RTHK a confirmé quelques heures plus tard la diffusion du programme en question, un choix éditorial difficilement compatible avec la réputation de grande indépendance du groupe public et qui semble résulter de fortes pressions internes. Le 21 mai, le conseil consultatif avait déjà fait scandale en annonçant la création d’un « groupe de travail » censé superviser les principes éditoriaux de RTHK et auquel ni la direction, ni les représentants du personnel n’étaient conviés.
« L’existence d’un groupe audiovisuel public indépendant est indispensable à l’information des hongkongais alors que la liberté de la presse recule un peu plus chaque jour sous les pressions politiques et économiques de Pékin, rappelle Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de RSF. Au lieu de s’immiscer dans les choix éditoriaux de RTHK, la cheffe de l’exécutif Carrie Lam ferait mieux de s’appliquer à rétablir le plein exercice de la liberté de la presse, comme le prévoit l’article 27 de la Loi fondamentale qui régit Hong Kong. »
Selon une enquête réalisée par l’Université chinoise de Hong Kong, RTHK reste le média bénéficiant du plus fort capital de confiance aux yeux des hongkongais. Les autorités ont récemment intensifié leur pression sur le groupe après que l’émission satirique Headliner, déprogrammée depuis, se soit moquée des forces de l’ordre et qu’une journaliste de l’émission The Pulse ait évoqué l’exclusion de Taïwan dans un entretien avec un représentant de l’Organisation mondiale de la santé.
Hong Kong a chuté du 18e rang en 2002 au 80e rang en 2020 dans le Classement mondial RSF de la liberté de la presse. La République populaire de Chine stagne pour sa part au 177e rang sur 180.