Hommage à Sardasht Osman

Cela fait un an que Sardasht Osman a été assassiné. Un an que ses véritables assassins vivent en liberté, en toute impunité. Un an après son enlèvement, qui a eu lieu le 4 mai 2010 devant l'université Salahaddin à Erbil, Reporters sans frontières rend hommage à ce jeune journaliste de 23 ans, et dont le corps a été retrouvé deux jours plus tard à Mossoul, une balle dans la tête. Auteur de nombreux articles, il avait notamment écrit, fin 2009, une tribune intitulée « Ah ! si j’étais le gendre de Massoud Barzani », parue dans le Kurdistan Post . Toutes nos pensées vont à sa famille, à ses amis et à ses collègues. Reporters sans frontières s'interroge sur la volonté des autorités du KRG de faire la lumière sur ce meurtre et condamne le manque de transparence autour de l'enquête. Ce triste anniversaire intervient dans un contexte très tendu, alors que les forces de sécurité des partis politiques n'hésitent pas à agresser les journalistes couvrant le mouvement de protestation populaire qui agite le Kurdistan irakien depuis la mi-février. Ces dernières semaines, les atteintes à la liberté de la presse se sont multipliées : menaces de mort, intimidation, agressions physiques, tentatives d'assassinat, mises à sac de locaux de médias sont le lot quotidien des journalistes de la région. Sardasht Osman a été enlevé le 4 mai 2010 devant le département de langues de l’université Salahaddin d’Erbil par des individus armés. Son corps a été retrouvé deux jours plus tard à Mossoul. Une commission spéciale, placée sous le contrôle du ministère de l’Intérieur, avait été constituée par le Président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani. Rapidement, la famille du journaliste avait remis en cause l'indépendance de cette commission. Au cours de leur mission au Kurdistan en juillet 2010, les représentants de Reporters sans frontières avaient essayé d’en savoir plus sur la conduite de l’enquête en cours, en tentant de rencontrer, en vain, des membres de cette commission. Aucun des interlocuteurs rencontrés n’ont pas pu, ou voulu, donner ne serait-ce que le nom d’un de ses membres. L’absence flagrante de transparence avait été soulignée dans le rapport de l'organisation, rendu public le 3 novembre 2010. Le 15 octobre 2010, la commission d’enquête avait rendu ses premières conclusions. Dans un communiqué de presse, elle avait conclu que la raison du meurtre de Sardasht Osman n’avait pas lien avec ses activités de journaliste, mais qu'elle résidait dans son refus de collaborer avec le mouvement islamique radical Ansar Al-Islam, ramification d’Al-Qaïda. Hicham Mahmoud Ismaïl, chauffeur et mécanicien dans le district de Beji, suspecté d'être impliqué dans l’enlèvement du jeune homme, avait été arrêté. Ce dernier aurait avoué aux enquêteurs que sa mission consistait à transporter Sardasht de Shargat (près de Tikrit) à Mossoul. Il aurait déclaré ignorer que Sardasht allait être assassiné. La famille avait immédiatement contesté les conclusions de l'enquête, déclarant : « Non seulement nous rejetons les résultats de l’enquête, mais nous condamnons cette action et nous exprimons notre colère face à ces tentatives qui visent à le faire passer pour un terroriste coopérant avec Ansar Al-Islam. » Avant d’ajouter : « Quiconque connaît Sardasht, ou lit ses articles, sait qu’il était laïc, très éloigné de l’idéologie terroriste. » Par ailleurs, le 23 octobre, Ansar Al-Islam avait nié toute implication dans cet assassinat. Un an après les faits, les assassins de Sardasht Osman courent toujours.... Deux ans plus tôt, le 21 juillet 2008, le journaliste Soran Mama Hama, également âgé de 23 ans et qui travaillait pour Lvin Magazine, avait été tué par balles à son domicile de Kirkouk. Le 15 mai prochain, Reporters sans frontières publiera une version en kurde du Guide pratique du journalisme, réalisé en partenariat avec l'UNESCO, grâce à la contribution de la maison d'édition Aras.
Publié le
Updated on 20.01.2016