Hamid El Mahdaoui n’a pas sa place en prison

Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités marocaines de libérer immédiatement Hamid El Mahdaoui, directeur de Badil.info condamné à trois mois de prison ferme ce 25 juillet.

Hamid El Mahdaoui a été arrêté jeudi 20 juillet alors qu’il se trouvait à Al-Hoceïma, dans la région du Rif, pour couvrir la marche pacifique interdite quelques jours plus tôt par les autorités marocaines. Après cinq jours de détention provisoire, le tribunal de Première instance d’Al-Hoceïma l’a condamné à trois mois de prison ferme et une amende de 20.000 dirhams (1800 €) pour avoir "invité" des personnes à "participer à une manifestation interdite".



“Nous demandons la libération immédiate d’Hamid El Mahdaoui, déclare Yasmine Kacha, directrice du bureau Afrique du Nord de RSF. Ce journaliste reconnu n’a fait que son métier : informer. Pourquoi est-il alors poursuivi sur la base du Code pénal ? Par cette condamnation injuste et expéditive, les autorités marocaines cherchent-elles à punir un média qui révèle depuis plusieurs années des affaires embarrassantes pour le Royaume?”


Pour rappel, et en plus de nombreuses convocations, Hamid Mahdaoui a été condamné en juillet 2015 à 4 mois de prison avec sursis, une amende et des dommages et intérêts pour des articles révélant des actes de torture commis par la police contre le militant Karim Lachkar en mai 2014 dans un commissariat d’Al-Hoceïma. En juin 2016, il est à nouveau condamné pour un article accusant le Ministre de la Justice de percevoir des frais de missions surévalués.


Depuis le 26 mai dernier, 7 journalistes-citoyens et collaborateurs de médias ont été arrêtés dans la région d’Al-Hoceïma, pour leur couverture du Hirak, nom donné au mouvement de contestation populaire qui a éclaté au Rif en octobre 2016 à la suite de la mort du vendeur de poisson Mohcine Fikri. La condamnation d’El Mahdaoui intervient quelques semaines après celle de Mohamed Al Hillali, responsable de la plateforme en ligne Rifpress. Al Hilali a écopé le 30 juin dernier d’une peine de 5 mois de prison ferme pour “insultes aux agents publics durant l’exercice de leur fonction et “manifestation sans autorisation préalable”.


Le Maroc occupe la 133e place du classement RSF de la liberté de l’information.

Publié le
Mise à jour le 13.09.2017