Exactions, sites bloqués, procès etc., la chasse aux médias continue

Yemen

Reporters sans frontières condamne la tentative d’assassinat contre le vice-ministre de l’Information Abdu Al-Ganadi. Une bombe a explosé devant son domicile dans la matinée du 18 août 2011 ne faisant aucune victime. Une enquête est en cours pour déterminer les raisons et les auteurs de cette attaque. L’organisation a également appris l’arrestation du photographe de la chaîne Suhail, Ahmad Firas, par des militaires de la base aérienne de Daylami, le 12 août 2011, vers 16 heures, alors qu’il se dirigeait vers Sanaa à bord de sa voiture en compagnie de sa femme et de ses enfants. Son matériel lui a été confisqué. Sa famille a été relâchée quelques heures plus tard. Aucune raison n’a été avancée pour justifier son arrestation. Il demeure à l’heure actuelle toujours en détention. Ces mêmes militaires avaient par le passé déjà arrêté le journaliste Yahi Al-Thalayan, reporter d’Al-Sahwa, avant de le relâcher dix jours plus tard. De plus, le directeur du bureau de la chaîne américaine arabophone Al-Hurra à Sanaa, Mohamed ‘Ayda, à été violemment attaqué par un groupe d'inconnus qui ont tenté de le poignarder ('janbiya') le 10 août dernier dans la soirée. C'est grâce à l'intervention de plusieurs passants assistant à la scène qu'il eu la vie sauve. Le journaliste avait déjà été sujet à des menaces et agressions. Le site YemenOnline daily a été hacké et ce pour la quatrième fois en deux ans. Reporters sans frontières constate que la liberté des journalistes et des médias est constamment menacée au Yemen. L’organisation exhorte les autorités à faire la lumière sur ces affaires et à prendre les sanctions adéquates afin que ni des représentants des forces de l’ordre ni des groupes qui font usage de la violence ne puissent faire obstruction au travail de la presse.

Bahreïn

Reporters sans frontières a appris que les autorités du royaume avaient bloqué l’accès au site Internet du ‘Mouvement bahreïni pour la justice et le développement’ fondé en juillet 2011. Composée de militants bahreïnis pour la majorité en exil, cette organisation, basée à Londres, dénonce les violations des droits de l’homme au royaume de Bahreïn et prône la mise en oeuvre de réformes démocratiques. Le site s’apprêtait à publier un article dans lequel un ancien député en exil, Ali Al-Aswad, exprimait sa crainte de voir éclater une guerre civile dans le pays. Les autorités accusent le site “d’avoir transgressé les lois du Bahreïn” sans plus de précision.

Maroc

Reporters sans frontières dénonce avec vigueur les poursuites pour “publication de fausses informations” engagées par les autorités contre le responsable de l’hebdomadaire arabophone Al-Michaal, Driss Chahtane, ainsi que le journaliste Abdel Aziz Gogass. “L’organisation appelle les autorités à abandonner cet harcèlement judiciaire contraire à la volonté affichée par le royaume, en avril dernier, de réformer le code de la presse dans une direction plus démocratique. Nous regrettons qu’il soit si difficile pour les journalistes marocains d’informer sur la vie politique du royaume alors qu’approchent les élections législatives prévues en octobre 2011”, a déclaré Reporters sans frontières. Driss Chahtane et AbdelAziz Gogass sont poursuivis pour la publication d’un article, le 20 juillet 2011, sur les liens qu’entretiendraient certains gouverneurs avec le parti Authenticité et modernité de l’ancien ministre délégué à l’Intérieur et ami intime du roi, Fouad Ali El-Himma. Ils ont subi quatre interrogatoires. Leur procès se tiendra le 29 août prochain. De plus Moustapha Alaouie, rédacteur en chef du premier hebdomadaire arabophone du pays, Al-Oussboue-al-Sahafi, ainsi que le journaliste Youssef Meskine ont également été convoqués pour un interrogatoire après avoir publié un article sur le même sujet, le 4 août dernier. Ils sont passibles de poursuites. Enfin Mohamed Ayache Buihi, journaliste au quotidien marocain Al-Massae et administrateur du site web saharanow.com, et son collègue, Hamid Bouffous, journaliste au journal Risalat Al-Oumma et correspondant pour les sites sahara press et hespress, ont tous deux été agressés le 12 août dernier, alors qu’ils couvraient une manifestation, à El-Aaiún. Mohamed Ayache Buihi a été frappé par les forces de l’ordre avec une matraque au dos et aux jambes. Après qu’il a sorti sa carte de presse, les forces de sécurité ont tenté de lui voler sa caméra, et l’ont jeté à terre en l’insultant. Hamid Bouffous a lui aussi subi les mêmes violences, et ce malgré son gilet portant l’inscription “presse”. Ces événements illustrent l’escalade de la répression des journalistes et net-citoyens par les autorités marocaines.

Tunisie

Reporters sans frontières condamne avec la plus grande fermeté l’attaque perpétrée contre le siège de la radio Gafsa, en Tunisie, le 2 août dernier, par une vingtaine d’hommes, cagoulés pour la plupart. Les locaux ont été saccagés et les agresseurs ont semé la panique parmi le personnel de la chaîne. “Cet incident prouve que le pays compte encore des ennemis de la liberté de la presse, nullement effrayés à l’idée de dévaliser une rédaction et d’intimider des journalistes. Les autorités doivent décourager ces individus en les retrouvant et en les sanctionnant”, a déclaré Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on 20.01.2016