En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les journalistes doivent se tenir loin des urnes

Reporters sans frontières dénonce les entraves à la liberté de la presse constatées pendant la période des élections nationales en Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui se sont tenues du 24 juin au 8 juillet 2017. L’organisation condamne ces multiples violations, qui ont notamment abouti à une action en justice contre le blogueur Martyn Namorong.

La période électorale qui vient de se dérouler en Papouasie-Nouvelle-Guinée a été caractérisée par une série de violations de la liberté d’informer. Des journalistes ont été repoussés par la police et la commission électorale alors qu’ils prévoyaient de couvrir les élections dans la province de Madang. Dans la capitale, à Port Moresby, les médias n’ont pas été autorisés à enregistrer ou prendre des photos dans la principale salle de dépouillement de la ville. En dehors de la presse, de multiples articles et posts sur les réseaux sociaux ont également fait état d’achats de voix et de recrudescence de la violence. Plusieurs journalistes-citoyens ont par ailleurs fait l’objet d’inquiétantes mesures de la part des autorités. Le cas le plus emblématique est celui de Martyn Namorong.


Suite à un post critique sur un commissaire électoral,le blogueur Martyn Namorong a reçu un ordre provenant de la Cour de Waigani lui interdisant de diffuser à nouveau sur les réseaux sociaux des messages jugés diffamatoires. Martyn Namorong est accusé d’avoir “porté atteinte à l’identité, la légitimité et la réputation” de Patilias Gamato, en ayant rendu viraux des propos remettant en question son rôle dans le processus électoral. Le dit-post comparait le responsable à… une tomate. “Je ne ressemble pas à une tomate, je suis un être humain. Il s’agit de propos diffamatoires, j’ai donc dû lancer une action en justice” a justifié le commissaire Patilias Gamato.


Il est du devoir des journalistes et des journalistes-citoyens d’informer la population sur les dysfonctionnements constatés lors d’un processus électoral, rappelle Reporters sans frontières. Martyn Namorong n’a commis aucun délit, la justice et les autorités doivent le reconnaître et lever la censure qui lui a été imposée, déclare encore l’organisation internationale de défense de la liberté d’informer. Un pays ne peut se revendiquer démocratique avec la simple tenue d’élections. Il doit également respecter et protéger la liberté de la presse, véritable pilier de toute démocratie.”


L’avocate de Martyn Namorong, Christine Copland, a précisé que son client n’avait pas été invité à s’exprimer lorsque l’ordre de censure a été prononcé, le blogueur n’ayant pas pu être localisé à temps, selon le personnel judiciaire. Martyn Namorong a réagi à cette décision de la Cour en postant sur les réseaux sociaux une photo de lui bâillonné, les yeux bandés. A la veille d’une nouvelle audition devant la cour, prévue le 25 juillet, le blogueur papouasien a fait une allusion ironique aux accusations portées contre lui en se décrivant dans un tweet “frais comme un concombre”.


Le pays est situé à la 51ème place sur 180 pays dans le Classement mondial pour la liberté de la presse 2017 établi par RSF.

Publié le
Updated on 23.08.2019