Egypte : une blogueuse emprisonnée et torturée pendant son interrogatoire
Une autre journaliste a été arrêtée ce week-end au Caire par les autorités égyptiennes et a subi de la torture, dans la continuité d’une vague d’arrestations qui a suivi le mouvement de protestations contre le pouvoir. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un traitement inacceptable et exhorte les autorités à cesser cet acharnement contre la presse.
Samedi dernier, les forces de sécurité égyptiennes ont enlevé la journaliste et blogueuse Esraa Abdel Fattah alors qu’elle se trouvait dans son véhicule et l’ont conduite dans un endroit inconnu. La justice l’a condamnée, lundi 14 octobre, à 15 jours de prison pour “participation à un groupe terroriste”, “diffusion de fausses nouvelles” et “usage abusif des médias”. La journaliste a décidé d’entamer une grève de la faim pour protester contre la torture et les mauvais traitements qu’elle a subis pendant son interrogatoire. Selon son avocat, les policiers l’ont battue pour fouiller son téléphone portable.
“L’ignoble traitement infligé à Esraa Abdel Fattah est aussi inacceptable que sa peine de prison basée sur des charges absurdes, réagit Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient de Reporters sans frontières (RSF). Sa grève de la faim, qui n’est pas un cas isolé, montre toute l’ampleur de la répression et de l’acharnement des autorités égyptiennes contre les journalistes et blogueurs”.
Mustafa Al-Khateeb correspondant au Caire de l’Associated Press (AP) a également été arrêté ce samedi et condamné à la même peine de prison. L’AP avait publié une dépêche sur la menace d’expulsion de neuf étudiants britanniques et l’interpellation de deux d’entre eux.
Les jours précédents ont été marqués par l’arrestation du blogueur et défenseur des droits humains Alaa Abdel Fattah, six mois après sa libération conditionnelle. Contraint de se rendre chaque jour au commissariat pour y passer la nuit, le blogueur n’est plus sorti du poste de police depuis le 29 septembre.
Depuis le déclenchement des manifestations populaires le 20 septembre dernier contre le pouvoir d’Abdel Fattah Al-Sissi, au moins 16 journalistes ont été emprisonnés, selon un décompte de RSF. Sur ces 16 journalistes, quatre ont été libérés.
L’Egypte occupe la 163e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.