Deux journaux suspendus pour non-respect d’un black-out médiatique

Reporters sans frontières condamne la décision, prise par le procureur général le 20 avril 2014, de suspendre deux quotidiens qui avaient bravé une interdiction imposée deux mois plus tôt de publier toute information relative à la préparation d’un éventuel coup d’État au Koweït. Le procureur avait alors justifié ce black-out en arguant que des publications pourraient nuire au déroulement de l’enquête. Les quotidiens Al-Watan et Alam Al-Yaoum ont ainsi été suspendus pour deux semaines. “L’interdiction imposée par le procureur aux médias de traiter de cette affaire constitue en soi une violation grave de la liberté de l’information. Par cette suspension, absurde et inique, de ces deux journaux, les autorités démontrent une fois de plus leur volonté de contrôler l’information et en l'occurrence d’étouffer une affaire politique sensible” déclare Soazig Dollet, responsable du bureau Moyen-Orient et Afrique du Nord de Reporters sans frontières. Dans ses éditions des 13 et 14 avril dernier, Al-Watan a publié deux articles révélant l’affaire de vidéos qui démontreraient l’implication d’anciens hauts responsables dans la préparation d’un coup d’État au Koweït. Le ministère des Communications a déclaré dans un communiqué de presse un communiqué de presse avoir “été informé de la décision du procureur général de suspendre les quotidiens pendant deux semaines pour avoir bravé l’interdiction de publier des informations sur l’affaire 2013 / 1241”. Le rédacteur en chef d’Al-Watan, Cheikh Khalifa Ali Al-Khalifa, a déclaré à l’agence Reuters : “Nous n’avons rien fait d’illégal. Nous ne comprenons pas les raisons pour lesquelles nous avons été punis”. Ajoutant: “Le quotidien a été suspendu mais nous continuerons à publier sur notre site Internet, qui lui n’a pas été suspendu car il dépend d’une juridiction différente.” Plusieurs législateurs ont critiqué cette décision et ont appelé à prendre des mesures afin de modifier le code de la presse. Le Koweït a perdu 13 places dans le classement de la liberté de la presse. Il figure à la 91e place (sur 180) de l’édition 2014.
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Updated on 20.01.2016