Deux journaux mis en garde par la Press Scrutiny and Registration Division

Malgré les promesses d’une plus grande liberté à venir pour la presse formulées par le ministre de l’Information, Kyaw Hsan, lors d’une conférence à Rangoon, en mars 2012, les autorités maintiennent leur contrôle et continuent d’intimider les médias qu’elles jugent trop critiques à leur égard. Reporters sans frontières et son organisation partenaire, la Burma Media Association, condamnent les avertissements lancés à la presse par la Division d'enregistrement et de vérification de la presse (Press Scrutiny and Registration Division - PSRD), organe gouvernemental de contrôle des médias, suite à des publications jugées “non-conformes à sa politique”. Le 23 mars 2012, Myint Naing, éditeur du journal du Parti pour le développement des nationalités arakanaises, a été convoqué par la PSRD. Un mois auparavant, Ohn Kyaing, éditeur du journal de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), D-wave, avait lui aussi été convoqué par la PSRD, pour la publication d’une caricature jugée trop critique à son égard. “A la veille des élections législatives, la crispation de la PSRD et ses tentatives de rétablir un contrôle sur la presse, en particulier celle proche de l’opposition, sont inquiétants. En octobre dernier, le chef de la PSRD, Tint Swe, avait pourtant estimé que son bureau devait être supprimé. Les autorités birmanes doivent mettre en application leurs intentions, rendues publiques, d’accorder plus de liberté aux médias. Nous dénonçons un double langage et des actes qui contredisent des déclarations d’intention”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 23 mars 2012, l’éditeur du journal Toetakyay, publié par le Parti pour le développement des nationalités arakanaises, Myint Naing, a été convoqué par le Major Tint Swe, directeur du département du ministère de l’Information chargé de la surveillance des médias, la Press Scrutiny and Registration Division (PSRD). Celui-ci l’aurait mis en garde quant aux prochaines publications du journal, suite à la parution, le 29 février, d’un article titré “D’un gouvernement en uniforme militaire à une démocratie en jupe jaune”, qui ironisait sur la transition apparente du régime militaire vers un gouvernement civil. Selon le journal Mizzima News, contacté par Reporters sans frontières, la PSRD a notamment critiqué l’usage de l’expression “l’ogre militaire Ne Win” dans l’article, et a considéré certains passages comme étant “obscènes, offensifs et en désaccord avec la politique de la PSRD”. Il a ensuite fait signer à l’éditeur du journal un document l’engageant à adoucir le ton des articles publiés dans les prochains numéros. Ohn Kyaing, l’éditeur du bimensuel D-Wave, publié par la National Ligue for Democracy (NLD) depuis le 16 janvier 2012, a également été convoqué par la PSRD, le 7 février 2012, suite à la publication d’une caricature parue dans l’édition de la veille. Le dessin, réalisé par Tha Lain Ma, représentait un ciel nuageux, un “ciel démocratique”, dans lequel un journal appelé “Liberté de la presse” essayait de s’envoler, mais était retenu au sol par une chaîne portant l’étiquette “Press scrutiny”. Par ailleurs, Reporters sans frontières et la Burma Media Association prennent note de l’abandon des poursuites à l’encontre du Modern Weekly et du report d’examen de l’éventuelle poursuite en diffamation à l’encontre de The Voice par le ministère des Mines. Selon la Democratic Voice of Burma (DVB), le 27 mars 2012, la poursuite judiciaire intentée par un ingénieur du ministère de la Construction birman à l’encontre du journal Modern Weekly et de sa reporter, Thet Su Aung, suite à la parution d’un article critiquant le mauvais entretien d’une route par les autorités, a été retirée. Le journaliste du Modern Weekly, Kyaw Yin Myint, interrogé par la DVB, s’est réjouit de cette décision et espère y voir un signe d’ouverture du gouvernement envers les médias. Par ailleurs, l’audience, prévue pour le 22 mars, du procès intenté par le ministère des Mines contre l’hebdomadaire The Voice, accusé de diffamation pour un article mentionnant d’éventuelles malversations impliquant six ministères birmans, a été repoussée, sine die.
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Updated on 20.01.2016