Deux journalistes assassinés en deux jours au Brésil

En à peine deux jours, un journaliste qui dénonçait des cas de corruption dans l’Etat de Rondônia et un animateur radio de l’Etat de Goiás, connu pour ses émissions polémiques, ont été assassinés au Brésil. Reporters sans Frontières (RSF) dénonce ces meurtres ciblés et appelle les autorités locales à privilégier la piste professionnelle dans leurs enquêtes.

Ueliton Bayer Brizon, journaliste et propriétaire du site d’informations en ligne Jornal de Rondônia, a été tué par balles mardi 16 janvier à Cacoal (nord-ouest du Brésil) alors qu’il circulait en moto avec son épouse dans le quartier de Santo Antônio. Un homme armé, également en moto, s’est approché de lui et l’a froidement abattu avant de prendre la fuite.


Sur son site d’information, Ueliton Brizon publiait des actualités sur la vie de Cacoal, et dénonçait régulièrement des irrégularités ou la corruption de responsables politiques locaux. Également engagé en politique auprès du parti PHS (Partido Humanista da Solidariedade), le journaliste était reconnu pour son travail sérieux et éthique, comme le rappelle dans un communiqué l’association des journalistes de Cacoal (ACI).


Dans le centre du pays, dans la ville d’Edealina (sud de l’Etat de Goiás), le journaliste Jefferson Pureza Lopes, animateur pour la radio locale Beira Rio FM, a également été assassiné le 17 janvier. Deux individus cagoulés ont fait irruption à son domicile et ont tiré sur lui. La police civile a annoncé envisager toutes les pistes possibles, et reconnu que l’émission de radio de Jefferson Pureza Lopes, qui traitait d’actualité locale, était très suivie dans la région mais était aussi considérée comme polémique et “ne plaisait pas aux gouverneurs locaux”. En novembre 2017, les locaux de Beira Rio FM avaient été incendiés. Les auteurs n’ont toujours pas été identifiés.


Les autorités de Rondonia et de Goiás doivent au plus vite identifier et traduire en justice les responsables de ces actes lâches et odieux, déclare Emmanuel Colombié, responsable du bureau Amérique latine de RSF. Les enquêtes autour de ces assassinats doivent privilégier la piste professionnelle. D’autant que la violence contre la presse, et en particulier contre les journalistes critiques et indépendants, est récurrente au Brésil au point de constituer l’une des principales menaces contre la liberté d’expression.”


Depuis 2010, au moins 26 journalistes brésiliens ont été tués en raison de leur activité professionnelle. Dernier incident en date: fin décembre 2017, le journaliste Gabriel Barbosa da Silva, collaborateur du site d’infos Verbo Online, a échappé de justesse à une tentative d’assassinat dans la municipalité d’Embu das Artes (Etat de Sao Paulo).


Le Brésil est classé 103ème au Classement mondial de la liberté de la presse 2017, publié par RSF.





Publié le
Updated on 18.01.2018