Deux journalistes arrêtés et accusés d'atteinte à la sécurité intérieure

Reporters sans frontières condamne l'arrestation du journaliste du site Internet Malaysia Today Raja Petra Kamarudin, et de sa confrère, Tan Hoon Cheng du quotidien en chinois Sin Chew, le 12 septembre 2008, en vertu de la loi de Sécurité intérieure (Internal Security Act, ISA). Ils peuvent être détenus pendant 60 jours.

Reporters sans frontières condamne l'arrestation du journaliste du site Internet Malaysia Today Raja Petra Kamarudin, et de sa confrère, Tan Hoon Cheng du quotidien en chinois Sin Chew, le 12 septembre 2008, en vertu de la loi de Sécurité intérieure (Internal Security Act, ISA). Ils peuvent être détenus pendant 60 jours. “L'ISA ne prévoit pas de procès et permet à la police d'arrêter un suspect sans motif, sur simple ordre du ministère de l'Intérieur. La Malaisie est l'un des derniers pays à autoriser une telle pratique. Non seulement cette décision est contestable par principe, mais elle est également disproportionnée. Raja Petra Kamarudin est victime d'un acharnement judiciaire et Tan Hoon Cheng de la méfiance des autorités vis-à-vis des journalistes. Nous demandons leur libération”, a déclaré l'organisation. Raja Petra Kamarudin, 58 ans, est accusé d' “atteinte à la sécurité, à la paix et à l'ordre public” en vertu de la section 73 (1) de l'ISA, qui permet l'emprisonnement d'un individu pendant deux ans. D'après son avocat, son arrestation est liée à la publication d'articles concernant l'islam sur son site Internet Malaysia Today (http://mt.m2day.org/2008/). Ce dernier a l'intention de faire appel de la décision. Raja Petra Kamarudin est également poursuivi pour “diffamation” et “sédition” en raison des articles et des commentaires qu'il publie sur Malaysia Today. Le journaliste en ligne avait déjà été arrêté en vertu de l'ISA en 2001 en raison de son rôle au sein de l'organisation d'opposition National Justice Party. Rédacteur en chef du journal de l'organisation, le contenu qu'il publiait avait été jugé “séditieux” par les autorités. Selon des témoignages de sa famille, une dizaine de policiers sont venus l'arrêter chez lui, à Sungai Buloh, pour l'interroger dans leurs locaux à Bukit Aman. Dans un entretien accordé au quotidien The Malaysian Insider, le ministre de l'Intérieur, Datuk Seri Syed Hamid Albar, a déclaré : “Nous l'avons appelé plusieurs fois pour le prévenir et lui demander d'arrêter d'écrire. Mais il a continué. A tel point que ses articles représentent une menace à l'ordre public et à la sécurité intérieure”. Les fournisseurs d'accès du pays ont été obligés de couper l'accès à son journal en ligne sur pression du gouvernement le 26 août 2008. Il était toutefois à nouveau accessible depuis hier. Tan Hoon Cheng a été arrêtée en rentrant chez elle en raison d'un article qu'elle a publié sur des propos tenus par le dirigeant du parti au pouvoir (Umno), Ahmad Ismail qui aurait qualifié les Malaisiens d'origine chinoise de “squatteurs”. Plus tôt dans la journée, le ministère de l'Intérieur avait adressé des lettres à trois journaux - le quotidien en chinois Sin Chew, le quotidien en anglais Sun et la publication liée au parti d'Anwar Ibrahim (opposition) - pour leur demander de s'expliquer sur la publication de ces propos. Ces journaux sont menacés de voir leur licence de publication révoquée s'ils ne fournissent pas d'explications suffisantes dans un délai d'une semaine. Le ministre délégué à la Justice, Nazri Abdul Aziz, avait déclaré, le 24 juillet 2007, que le gouvernement n'hésiterait pas à avoir recours à la loi sur la Sécurité intérieure pour punir les blogueurs qui abordent des sujets trop sensibles. La Malaisie figure au 124e rang sur 168 dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Le pays a perdu 14 place en deux ans.
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Updated on 20.01.2016